Juliette passa les quatre jours suivants dans la bonne humeur. Elle ne pensait presque pas à Olivier ni au monstre qu'elle était. Elle accepta même une invitation à dîner de son patron, protégée de sa transformation par la pleine lune.
Mais ensuite, elle recommença à se sentir nerveuse, lorsque la dernière nuit de pleine lune du cycle lunaire fut achevée. Bien des fois, l'envie d'appeler Olivier pour apaiser ses craintes la tarauda, mais sa fièreté le lui interdisait. Elle avait décidé de se passer de son aide lorsqu'elle était partie de chez lui, hors d'elle, et elle apprendrait à vivre avec le monstre qui sommeillait en elle.
Voyant le soleil se coucher, Juliette alluma toutes les lampes de chez elle, dans toutes les pièces. Elle qui ne supportait pas de dormir avec de la lumière, elle était gâtée !
Comme elle s'y attendait, Juliette eut un mal fou à trouver le sommeil et se réveilla plus fatiguée encore que si elle n'avait pas dormi.
Au bout d'une semaine, épuisée et irritable de ne pas avoir son quota d'heures de sommeil, elle décida de méditer une heure pour s'auto-conditionner à ne pas se transformer en monstre. Après tout, cela était peut-être uniquement psychologique !
Puis elle se coucha, toutes lumières éteintes.

Olivier travaillait sur l'antidote lorsqu'il entendit du bruit. Regardant par la fenêtre, il distingua dans la nuit sans lune le monstre ainsi que deux hommes. Il sortit de chez lui à la hâte et courut vers eux. Les deux hommes étaient armés d'un revolver et tenaient le monstre dans un filet. Olivier reconnut le Professeur Edward, un scientifique sans scrupules prêt à tout pour s'attirer les regards. Le monstre se débattait et hurlait à pleins poumons.
-Laissez-le, lança Olivier.
-Mais c'est Richard, dit le Professeur Edward. Que me vaut l'honneur ?
-Ce monstre est à moi !
-Il l'était peut-être, mais il ne fallait pas le laisser s'enfuire. A présent, il m'appartient.
Olivier s'approcha du monstre qui se débattait comme un diable dans sa prison de cordages.
-Recule, lui dit l'assistant d'Edward en le menaçant de son revolver. Tu as entendu le professeur, ce monstre est à nous !
Comme Olivier avançait encore, l'assistant d'Edward tira. Olivier reçut la balle dans le bras gauche, mais ne fléchit pas. L'assistant d'Edward tira à nouveau, mais le monstre, rapide comme l'éclair, déchira les mailles du filet et s'interposa entre Olivier et la balle. Il fut touché à la poitrine mais la balle n'eut pas plus d'effet que sur un mur de béton. D'un coup de ses longs bras, le monstre balaya les deux hommes puis il se retourna vers Olivier qui perdait son sang en même temps que ses forces. Sous les yeux ébahis d'Edward et son assistant, le monstre porta olivier dans ses bras et l'allongea sur le sol. Il posa ensuite son énorme gueule sur la blessure, au bras gauche. Olivier sentit ses chairs mutilées le brûler, puis la balle partit. Le monstre releva la tête et recracha la balle qui ricocha sur le sol. A l'aide de ses griffes, le monstre trancha la chemise d'Olivier à l'épaule, tout en prenant soin de ne pas l'écorcher, et il retira la manche du bras blessé. Enfin, il noua la manche autour de la blessure pour l'empêcher de saigner.
-Merci, chuchota Olivier.
Le monstre porta olivier dans ses bras et il le conduisit chez lui. Il ouvrit la portte d'entrée avec son énorme pied et rentra en se baissant. Il posa Olivier sur un fauteuil, regarda autour de lui, trouva une couverture et la posa sur Olivier. Il se dirigea vers la porte, se retourna une dernière fois sur le scientifique, et partit.
Olivier se sentait épuisé mais ne parvint pas à trouver le sommeil. Le monstre qu'il s'apprêtait à sauver des griffes des deux scientifiques malfaisants venait de lui sauver la vie et de le soigner.
Epuisé, il s'endormit, se promettant d'aller voir Juliette le lendemain matin. Mais il dormit longtemps. Et le lendemain, à 15h00, lorsqu'il se réveilla, il lut le journal posé en évidence sur la table par Vincent.


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