Mercredi 9 mai


Eolia regarda le ciel étoilé. Elle était vêtue d'un pull en laine très épais, d'un jean et d'un long manteau noir car l'Hémipshère était arrivé sur l'Antarctique... enfin, à quelques kilomètres. Bientôt, ils arriveraient sur les glaces. Des icebergs commençaient déjà à se montrer.
-Comment allons-nous faire pour traverser les plaques de glace ? demanda Mickaël.
-Je l'ignore, mais nous y arriverons ! répondit Eolia en souriant.
-Il nous faudra faire attention aux orques.
-As-tu peur ? demanda Eolia d'un air moqueur.
-Non, répondit gravement Mickaël. Avec toi aux commandes, je sais que je n'ai rien à craindre.
Eolia sourit gentiment et elle posa une main sur l'épaule de son ami en signe de remerciement. Puis elle dit :
-Nous n'avons rien à craindre de toute manière, car même si nous rencontrons des morceaux de glace imprévus, le pilotage automatique est branché.
-Non, je l'ai débranché comme j'ai vu que tu étais debout, dit Mickaël en admirant l'eau par dessus la rambarde.
-Mon Dieu, murmura Eolia.
Elle courut en direction de la salle des machines et sentit un énorme choc. Elle arrêta directement le bateau et retourna sur le pont. Mickaël avait disparu.
-Micka ! appela-t-elle paniquée.
Entendant du bruit dans l'eau, elle alla voir et remarqua des bras qui se débattaient.
-Julian ! Viens vite ! hurla-t-elle pour être sûre qu'il l'entende.
Elle se déshabilla à la hâte et sauta par dessus bord en direction de Mickaël, vêtue uniquement de sous-vêtements.
-Eolia, où es-tu ? demanda Julian en arrivant.
-Dans l'eau ! répondit Eolia en continuant de nager. Prépare l'échelle.
Elle saisit la main de Mickaël et le ramena contre elle.
-Micka ? Ca va ? demanda-t-elle.
Elle nagea tant bien que mal jusqu'à l'échelle de corde préparée par Julian, puis elle réussit à y hisser Mickaël. Elle s'y hissa ensuite et aida les jambes congelées de Mickaël à gravir les échelons.
Arrivant à bord, elle dit à Julian :
-Conduis Micka à sa chambre. Déshabille-le et couche-le.
Elle ôta ses sous-vêtements trempés et glacés et mit ses vêtements, puis elle courut à la cuisine préparer deux grogs bien chauds. Elle devait être elle-même réchauffée si elle voulait parvenir à réchauffer Mickaël. Elle avala d'un trait sa boisson, se brûlant à moitié la langue et la gorge, puis elle courut à la chambre de Mickaël. Le jeune homme était couché dans le lit et Julian était debout à côté, désemparé.

-Je ne sais que faire, se justifia-t-il. C'est la première fois qu'une chose pareille se produit.
-Je te confie l'Hémisphère, lui dit Eolia en s'agenouillant près de Mickaël. Mets-le en marche en appuyant sur le bouton rouge : MARCHE. Puis active le pilote automatique en tournant la manette noire la plus à droite dans le sens des aiguilles d'une montre de 180°.
Julian obéit. Eolia souleva la tête de Mickaël et murmura :
-Bois, s'il te plaît, tu dois te réchauffer.
Mickaël but une gorgée. Ses lèvres étaient violettes et son visage bleu.
-Encore, gémit Eolia. Bois tout !
Mais Mickaël claquait tellement des dents que boire lui était impossible.
-Prends le verre dans tes mains, murmura Eolia. Cela te réchauffera.
Comme Mickaël ne pouvait plus bouger les bras, Eolia posa le verre sur la table de chevet et elle sortit un par un les bras de Mickaël des couvertures. Puis elle plaça le verre dans les mains gelées du jeune homme. Mais il ne réagissait plus. Alors Eolia le força à boire. Du liquide coulait de chaque côté de sa bouche mais elle n'en avait cure : il devait boire !
Mickaël ne reprennant toujours pas de couleurs, Eolia posa le verre puis elle n'hésita plus. Elle avait déjà vu cela à la télévision et c'était la seule solution qui lui restait. Elle se débarrassa de son manteau, de son pull, de ses bottes et de son pantalon, et elle se glissa sous les couvertures à côté de son ami. Son corps était également glacé. Alors elle fit glisser son propre corps sur celui de Mickaël, elle frictionna ses épaules, ses bras, serra ses mains dans les siennes.
-Micka, je t'en prie, réagis, murmura-t-elle en nichant sa tête au creux du cou du jeune homme.
Elle ne devait pas s'endormir, mais au contraire, concentrer toute sa chaleur pour l'offrir à Mickaël. Elle posa une oreille contre sa bouche : elle sentit qu'il ne respirait que très irrégulièrement. Elle frictionna plus énergiquement encore le corps de Mickaël, puis nicha à nouveau sa tête au creux de son cou, et épuisée, elle finit par s'endormir, serrant dans ses mains les doigt glacés de Mickaël.



A suivre...