Le Fléau des Loups était le centre d’un vaste regroupement. Suite à l’alliance avec les Aigles Gris, nombres de tribus mineures n’avaient cessé d’affluer vers la tribu de la fameuse Pendra. Elles ne pourraient tirer que du bénéfice à une unification car la fièvre du pouvoir ne les avait pas encore atteintes. Pendra voyait son projet s’affirmer mais tout ne serait pas si simple. Les tribus puissantes n’accepteraient pas si aisément les idées de Pendra et elle s’attendait à de violents combats.
De son côté Trènt se morfondait d’inquiétude pour la jeune guerrière. Elle faisait de plus en plus souvent des crises dont la violence allait croissante. La magie des dragons noirs poursuivait son œuvre dévastatrice sur ceux qui osaient l’utiliser. Elle était en proie à des accès de fureur et de violence incontrôlés. Elle insultait et écartait quiconque la contrariait en ces moments. Rien de grave n’était encore arrivé mais dès qu’elle verserait du sang, la confiance de ces hommes basculerait. Il lui arrivait de détruire la moitié du mobilier de sa tente et de brusquer quelques guerriers et rien ni personne alors ne pouvait la raisonner. Dans une bataille, ce genre de mal pouvait paraître utile mais il était généralement suivit par un état d’affaiblissement extrême caractérisé par des pertes de connaissance. Jéràn et lui s’arrangeaient pour qu’au moins l’un des deux soit en permanence avec Pendra mais ils éprouvaient une insupportable impuissance face à la maladie. Celui qui était le plus touché par l’état de Pendra était encore Maghnar qui se sentait responsable de tous les maux de sa partenaire. Elle était consciente de son état et chaque jour, elle s’enfonçait dans un muet désespoir. Elle espérait seulement être encore lucide lorsqu’elle aurait réussi à unir les tribus. Le temps pressait et il faudrait faire vite.

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Mennor était allé rencontrer Kalass. Il avait ouie que ce mercenaire souhaitait plus que tout au monde la perte de Pendra et du Fléau des Loups. Il en tirerait profit comme il avait coutume de le faire. Le dragon aida Kalass dans ses négociations avec les autres chefs de tribu en affectant son air de sage conseiller, celui qu’il prenait pour parler à ces humains primitifs. Il mit sous la coupe de ce barbare cinq dragons de confiance : deux rouges brutaux pour attaquer les troupes au sol et trois dorés assez puissants et raisonnables pour contrer Maghnar sans trop l’amocher. Le moment fatidique approchait et Mennor ne put s’empêcher d’esquisser un sourire reptilien en pensant que bientôt Maghnar serait à lui et Pendra raide morte à ses pieds.

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Les nouvelles alarmantes qui parvinrent aux oreilles de Pendra déclenchèrent une nouvelle crise. Elle fit appel à toute la bonne volonté du monde et parvint finalement à se calmer sans trop de dégâts. Kalass avait monté une puissante armée déjà prête à se battre et on prétendait que des dragons l’accompagnaient. La rage qu’elle tentait de contenir, non pas celle qui provoquait ces crises, mais une rage bien plus puissante encore, prête à éclore, menaçait de la noyer. Elle suffoquait d’une haine irraisonnée qui avait enfin choisit sa proie. Le gibier s’appellerait Kalass. Aussi folle soit-elle, elle ne pouvait reculer devant cette confrontation car elle savait son ennemi rongé par la soif de vengeance, un poison bien plus dangereux que ce dont elle souffrait ou, du moins, c’était ce qu’elle croyait. En peu de temps elle regroupa tous les guerriers qui acceptaient de la suivre. Pas un ne refusa de se battre à ses côtés. La bataille qui noierait les Plaines sous un flot de sang allait bientôt débuter, chacun croyant sa cause plus importante que les autres.
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