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Geneworld.net>Ficciones>Sanmiligoku>Juliette

03 - POR SANMILIGOKU

Olivier regarda Stéphanie qui s'asseillait à côté de lui dans la 406 noire. Il était arrivé en retard à la morgue, occupé à feuilleter le début du journal du Professeur Eliott, mais Stéphanie ne disait rien, se contentant d'afficher un sourire ravi.
-Où souhaites-tu aller ? lui demanda Olivier.
-Vous connaissez la Caravane ?
-Non, où est-ce ?
-C'est un petit café à côté du supermarché.
-Très bien, allons-y.
Olivier démarra et il partit. Ils arrivèrent quelques minutes plus tard. Le scientifique se gara sur le parking du supermarché. Il descendit de la voiture, la verrouilla et il suivit Stéphanie. Ils arrivèrent devant un café qui ressemblait à une caravane en plus haut et plus spacieux.
-C'est charmant, admit-il en entrant.
Il alla s'assoir près d'une fenêtre qui donnait sur le supermarché. Stéphanie s'assit en face de lui. Une serveuse prit leur commande, puis elle leur apporta leurs cafés.
-Vos recherches sur le Professeur Eliott avancent-elles ? demanda Stéphanie.
-J'ai trouvé des éléments intéressants, mais je n'ai pas eu le temps de tout exploiter, répondit Olivier en faisant un clin d'oeil à la jolie blonde assise en face de lui. J'avais un rendez-vous à 18h00. D'ailleurs, pardonne-moi d'être en retard.
-Ce n'est rien, répondit Stéphanie en rougissant. Vous savez, je n'ai pas attendu longtemps, Professeur.
-Tout de même une demi-heure... Et tu sais, tu peux m'appeler par mon prénom et me tutoyer, tu n'es pas au travail.
-Oh, je n'oserai jamais...
-S'il te plaît. Il est tellement rare que je sorte... Quand cela arrive, j'aimerais oublier qui je suis et n'être qu'un homme comme tous les autres, sans entendre "professeur" toutes les cinq minutes.
-Si vous... si tu veux. Mais quoique tu fasses, tu ne seras jamais un homme comme les autres.
-Je te remercie du compliment, répondit Olivier en souriant.
Il n'écouta ensuite que d'une oreille distraite ce que lui disait Stéphanie, se contentant de répondre par des monosyllabes tant il était absorbé par ses pensées qui se dirigeaient inexorablement vers Juliette Eliott. Stéphanie, si banale avec ses yeux bleus, ses cheveux longs et son sourire permanent mais stupide n'arrivait pas à la cheville de Juliette, avec ses épaix cheveux noirs, ses magnifiques yeux bleus pailletés de vert, ses longues jambes, ses lèvres sensuelles...
-Tu trouves ça normal, toi ? demanda Stéphanie en haussant la voix.
-Heu... oui, répondit Olivier sans savoir de quoi il s'agissait.
-Vraiment ? Le peu d'hommes qui m'invitent à sortir ne font que loucher sur mes seins et tu trouves cela normal ?
Olivier s'ennuyait ferme et oui, il trouvait ça normal que les hommes qui invitaient Stéphanie ne prêtent attention qu'à ses seins : elle n'avait que cela d'intéressant. Sa conversation était ennuyeuse, ses mimiques de femme fatale désolantes...
-Non, bien sûr que ce n'est pas normal ! s'exclama-t-il néanmoins. Quand est-ce que les hommes sauront enfin apprécier une femme en dehors de l'ampleur de son décolleté ! Surtout toi, Stéphanie : tu es adorable, euh... très gentille, intelligente...
-Oh, arrête, je vais rougir, le coupa Stéphanie.
Olivier fut soulagé de cette interruption car il pourrait remporter la palme du plus gros mensonge.
-Les scientifiques qui ont ausculté Eliott ont-ils fait des commentaires ?
-Oh oui ! Un d'entre eux m'a même demandé si j'étais vêtue sous ma blouse !
-Et sur le corps ? demanda Olivier ennuyé que la conversation revienne toujours à cette pimbêche.
-Pas mal.
-Les jambes, rectifia Olivier exaspéré.
-Ils m'ont dit qu'ils préféraient les bas aux collants.
Olivier soupira. Il perdait patience.
-Je parlais des jambes du professeur Eliott, pas des tiennes, dit-il après avoir inspiré longuement.
-Désolée, j'ai cru que tu parlais de moi. Hé bien comme je suis blonde, ils ont du croire que je n'avais pas de cerveau et ils ont fait certains commentaires devant moi.
Olivier sourit, pensant qu'ils n'avaient pas tout à fait tort.
-Mais certains de leurs commentaires étaient stupides.
-Comme ?
-Ils ont dit : "On dirait que le Professeur Eliott a été mordu par un tyrannosaure". Comme si j'ignorais que cette race de chien n'existait pas !
Olivier réprima l'éclat de rire qui menaçait de sortir de sa gorge et il expliqua lentement :
-Stéphanie, un tyrannosaure est une race de dinosaures, pas une race de chien.
-Ah ! Ah ! Alors j'avais raison ! s'exclama Stéphanie.
-Oui, exactement, répondit Olivier, lassé.
Il termina son café d'un trait et dit :
-Allez, il est temps de partir !
-Déjà ? Mais je n'ai même pas commencé mon café.
Evidemment, songea Olivier, elle n'avait fait que parler, et pour ne rien dire.

Olivier rentra chez lui à 20h00. Il avait eu un mal fou à faire comprendre à Stéphanie qu'il avait beaucoup de travail et qu'il devait rentrer chez lui. Il négligea son dîner et il se prépara un pot de café. Il s'installa sur le canapé, au coin du feu, et il lut attentivement je journal intime du professeur Eliott, notant intérieurement les passages qui l'intéressaient.
"30 avril 2005
Ma petite Juliette a cinq ans aujourd'hui. J'ai découvert cette nuit une potion pour faire une parfaite machine de guerre. J'ai demandé à ma femme pour tenter l'expérience sur Juliette mais elle a refusé et m'a proposé de faire l'expérience sur son propre corps. Pourquoi pas ?
Héloïse s'est allongée sur la table d'expériences à 15h22. Bien sûr, je l'ai endormie et j'ai préparé un mélange des sérums A, B et C ayant pour effets respectifs de donner la force, la rapidité et une faiblesse à cette machine de guerre humaine : la photosensibilité. J'ai injecté un mélange de ces trois sérums à ma femme et j'ai attendu.
Elle s'est réveillée exactement cinquantes six minutes et quatre secondes après l'injection des sérums et soixante et une minutes sept secondes après avoir été endormie. Elle s'est immédiatement tranformée en un monstre horrible. Seuls ses yeux étaient magnifiques puisqu'ils étaient restés ces yeux bleus pailletés de vert qu'Héloïse possaidait et dont Juliette a hérité. Le corps de ce monstre, en revanche, était minuscule, possédait une tête énorme pourvue d'une énorme gueule, et des membres puissants et très longs.
Le monstre ne m'a pas attaqué car il est mort aussitôt. Il était 16h24 et j'ai tué ma femme."
Olivier tourna les pages à la vitesse de la lumière et tomba sur le passage suivant :
"10 mai 2007
Voilà plus de deux ans que je recherche la faille de ma formule, cette mauvaise formule qui a tué ma femme..."
Olivier ne continua pas car il y eut une coupure de courant. Il entendit au dehors des bruits de klaxon et des cris affolés. A tâtons, il prit sa veste et son appareil-photo, et il sortit. Il courut dans la direction des cris qu'il entendait et là, il fut paralysé de stupéfaction.



Voilà, j'espère que ça vous plaît !! N'hésitez pas à laisser des commentaires.

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