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02 - LE CONTE OU LA VIE PAR TRIMOR

Le conte ou la vie
Partie 2

Le lendemain, comme convenu, les trois mercenaires attendaient à l’endroit indiqué par le sorcier. Il était armé et prêt au combat, même s’il doutait qu’il est à sortir l’arme de leur fourreau. Ils avaient plutôt prévu des rouleaux de cordes, des barres de fer et des sacs, des objets plus utiles pour ouvrir une tombe et emmener tous les trésors qu’elle contenait.

Le sorcier arriva à son tour, il était toujours habillé de sa grande robe noir. Il possédait plusieurs besaces contre ses hanches et il marchait à l’aide d’un grand bâton de bois ciselé. Loin de paraître diminué, le mage semblait plus fort avec celui-ci en main.
- Aller dépêchez vous ! Dit celui-ci en s’arrêtant à la hauteur des trois hommes. Nous devons atteindre le mausolée quand la lune sera au plus haut dans le ciel.

Sans ajouter un mot, les mercenaires se déployèrent sur la route et marchèrent dans la direction indiquée par Moralec. C’était une belle journée de Garauth, le soleil se préparait à disparaître à l’horizon, illuminant de ses rayons de feu la campagne environnante.
Seldorn avait oublié ses craintes de la veille, l’aventure commençait sous un ciel magnifique et semblait prendre plus des allures de promenade qu’une dangereuse mission. Il voyait que ses compagnons agissait de même, ne faisant que distraitement attention aux alentours.

La nuit tomba lentement comme il se doit pour toutes ces longues soirées d’été. Ils avaient quitté la route principale pour marcher en pleine nature, traversant les bosquets éparses. Le petit groupe fut enfin en vue de la forêt de Rughit, tout le monde la disait hanté par les voyageurs imprudents qui y avaient trouvé la mort. Elle avait surtout la particularité de longer la côte, à la limite même des plages, ne laissant qu’une bande étroite de ronce et de sable avant l’océan.
- Nous devons pénétrer dans ces bois, fit Moralec, la sépulture se trouve non loin du rivage dans la forêt.
- Ce n’est pas prudent de se promener la nuit ici, dit Opartum sur un ton lugubre, il y a de nombreux spectres par ici.
- Arrêtez donc vos jérémiades, je vous paye pour m’accompagner alors avancer.

Les mercenaires ouvrirent le chemin au mage, seul l’appât du gain les faisait continuer. Ils continuèrent leur progression, sur leurs aguets, écoutant tous les bruits alentours. Mais le sorcier les guidait, imperturbable, entre les arbres, vers la richesse.

Soudain, le petit groupe déboucha dans une clairière qui semblait bien étrange, elle avait été créée par l’homme à n’en pas douter. Au centre de celle-ci se trouvait un petit édifice en pierre, recouvert de mousse et de lichen, usé par le temps : l’entrée de la crypte. La porte luisait à la lueur des rayons de la lune, révélant des textes gravés en une langue inconnu pour les guerriers. Le sorcier poussa une exclamation de joie.
- Je savais qu’elle était là.

Les mercenaires retrouvèrent également le sourire, leur fortune était faite. Moralec s’approcha de l’entrée et scruta les inscriptions gravées dans la pierre. Il murmura quelques mots puis il recula de quelques pas. Il se mit à tracer des formes dans les airs en en lançant des mots inconnus. La porte de la crypte se mit luire d’une vif éclat bleu, et un flash illumina quelques secondes la clairière.
- Vous pouvez l’ouvrir maintenant, lança Moralec, les sceaux magiques de la porte ont été enlevés.

Opartum et Seldorn s’emparèrent chacun d’une barre de fer, tandis que Kilihant leur donnait de la lumière avec une torche, l’épée à la main au cas ou. Les deux hommes s’attaquèrent à la pierre, elle était ancienne et dure, mais les mercenaires ne ménageaient pas leur peine. Après quelques coups sourds de petites fissures apparurent sur l’entourage, et peu après la porte céda tombant sur le sol en un bruit d’avalanche.

Tous étaient sur le qui vive, attendant à voir surgir des monstres assoiffés de sang attirés par le bruit de la chute. Ils attendirent de longues minutes sans que rien ne vint les attaquer, ils se relâchèrent enfin poussant des soupirs soulagés.
- Nous allons descendre à l’intérieur, fit le sorcier, la crypte est plus grande que vous l’imaginez, il y a de nombreuses sales et couloirs, celle qui nous intéresse et la pièce centrale, où ils ont entreposé tous les trésors.
- Nous devons nous attendre à des protections ? Demanda Kilihant.
- Il y a des chances, je m’occupe des pièges magiques, les morts vivants et goules éventuelles seront pour vous.

Les trois mercenaires se munirent de torches et empoignèrent tous leur épée. Opartum passa le premier, suivi par Kilihant puis Moralec. Seldorn avança vers l’entrée, un très mauvais pressentiment en lui, il respira un grand coup puis il pénétra à son tour dans la crypte.
Ils descendirent une vingtaine de marches et débouchèrent dans une première salle. Les murs étaient recouverts de textes et de peintures, il y avait une grande quantité de poussière sur le sol et des toiles d’araignée ornaient les murs. Une odeur de moisi et de renfermé planait dans l’air saturé d’humidité, les flammes des torches faisaient danser les ombres comme si elles étaient vivantes.

Le sorcier émit un simple souffle de mépris puis il fit avancer sa troupe. Ils marchèrent ainsi pendant une dizaine de minutes, le mage les arrêtant de temps en temps pour enlever un piège. Il y eu quelques intersections, mais Moralec semblait exactement savoir où ils les emmenaient.
Kilihant en tête fit soudain stopper leur avancer.
- Il y a un bruit étrange qui se rapproche.

Surgissant des ombres des goules les attaquèrent, leurs mains crochues tendues vers leur victime. Leur langue pendait entre leurs crocs en produisant un horrible sifflement venu des enfers. Les mercenaires réagirent aussitôt, avec calme et habileté, ils s’organisèrent immédiatement, combattant les créatures mortes vivantes. Ils les taillèrent en pièce, prenant soin de bien vérifier qu’elles étaient terrassées pour ne pas être pris à revers par l’une d’entre elles.
L’échauffourée ne dura que quelques minutes, mais les trois hommes furent essoufflés. Les couloirs étaient exigus, et les déplacements très restreint, ne jouant pas en leur faveur.

- Saleté, cracha Opartum en donnant un coup de pied dans l’une des carcasses.
Seldorn acquiesça.
- J’espère qu’il n’y en a pas d’autres en tout cas.
- Assez parlé, reprit le sorcier, nous continuons.
Kilihant reprit la tête de leur petite colonne et se remit en route. Ils n’eurent pas d’autres mauvaises rencontres et débouchèrent dans une grande salle. Il y avait des statues en marbre poli devant chaque tombe mural, représentant le défunt. Des sarcophages étaient alignés dans le fond de la salle. Il y avait des coffres en bois encore en état un peu partout dans la pièce et une grande porte en pierre semblait mener à une autre pièce au fond.

Moralec poussa une exclamation de triomphe.
- La salle des tombes, enfin, les trésors des mages de Kretys sont à moi.
Les mercenaires ne savaient pas de quoi parlait le sorcier, mais ils comprenaient très facilement que tous les coffres renfermés de grandes richesses.
- Par où commençons nous, dit Opartum très excité.
- Aidez moi à ouvrir cette porte là bas, commanda Moralec, ensuite vous pourrez fouiller les coffres et prendre le plus de richesse possible.

Les mercenaires savaient leur fortune faite, voila la prime que leur avait promis le sorcier. Kilihant et Opartum se dirigèrent vers la porte en pierre, accompagné par le mage, tandis que Seldorn les éclairait pour leur permettre de travailler.
Après que Moralec est fait disparaître les défenses magiques de l’accès, les deux hommes s’attaquèrent à la porte de la même manière que la porte d’entrée précédemment. Etant plus faible, elle céda presque immédiatement révélant ce que contenait la pièce, des grimoires et des artefacts, préservés par magie, un véritable trésor de roi pour Moralec.

Mais avant que le sorcier puisse s’approcher, un cri strident retentit dans la crypte, causant d’horribles souffrances aux quatre hommes. Et là il apparu, une être terrifiant surgit d’une tombe., ces longues griffes acérés d’abord, puis son crâne décharné ensuite où deux petites flammes avaient remplacé les yeux. Ses longues dents acérées formaient un sourire, promesse d’une mort certaine.
- Un bakrys, cria le sorcier de la terreur dans la voix.
- Des pilleurs de tombes, cela fait si longtemps que le ne me suis pas nourri.

Les mercenaires s’étaient immédiatement déployés dans la pièce pour pouvoir se défendre. Moralec se tenait un peu en retrait, préparant déjà un sort pour contre attaquer. Le mort vivant observa son manège avec amusement.
- Alors c’est toi le mage, tu sera donc ma première victime.

Le sorcier garda son sans froid et lança une sphère d’énergie sur la créature, au moment où les mercenaires se lançaient à l’attaque. Le bakrys encaissa la boule crépitante sans faire un geste pour l’éviter. Il en profita pour jeter un coup de griffes à Opartum qui se figea sur place, le toucher glacial de la créature paralysait n’importe qu’elle être vivant.
Seldorn et Kilihant ne purent rien pour leur camarade, alors que le mage préparait un nouveau sortilège. Mais le bakrys fut plus rapide et se jeta sur Moralec qui poussa un cri pitoyable d’animal pris au piège. Le mort vivant planta ses dents dans le cou du sorcier aspirant son âme et sa force vitale. En quelques secondes, il ne resta de l’homme qu’une simple coquille vide complètement desséchée.

Les mercenaires comprirent qu’ils n’étaient pas de taille face à un tel adversaire. Ils se saisirent alors de leur camarade paralysé et s’enfuir dans les couloir de la crypte.
- Courrez mes petits, ici c’est mon domaine, vous n’avez aucunes chances, lança le bakrys.
Les deux hommes étaient portés par leur peur, et grâce à elle le poids de leur compagnon ne les gênait pas.
- Il faut que nous sortions d’ici ! Cria Kilihant.
- Il faut que nous prenions le bon chemin tout de suite, sinon nous sommes perdus, renchérit Seldorn.

Leur camarade se mit à bouger la tête, il reprenait peu à peu le contrôle de son corps. Il poussa un grognement de douleur en recouvrant l’usage de ses jambes.
- Attendez, fit Opartum d’une voix lasse.
Ses deux camarades s’arrêtèrent.
- Laissez moi là, fit le grand guerrier, je le retarderais le maximum pour que vous puissiez vous en sortir.
Kilihant écarquilla les yeux.
- Tu crois que nous allons te laisser entre les griffes de ce monstre.
- Je suis blessé et je vais vous ralentir, autant que vous vous en sortiez, et je mourrais en pensant que j’ai sauvé mes amis.
Ils échangèrent des regards tristes.
- Fuyez, je ferais tout pour le retenir.

Les trois compagnons se serrèrent une dernière fois la main et les deux hommes partirent en courant dans les sombres couloirs. Opartum se saisit de son épée et fit quelques mouvements pour enlever le fourmillement qu’il ressentait encore.
Soudain un souffle glacial vint l’entourer complètement, le bakrys était là. La créature apparut à la lumière de sa torche avec son terrifiant sourire.
- Courageux de ta part guerrier, mais que crois tu pouvoir me faire ?
Opartum ne répondit pas et se mit en garde, l’épée haute.
- Soit, pour saluer ton sacrifice, je t’offrirais une mort rapide.
Sans qu’il ne puisse faire un geste, une vive douleur s’empara de son corps et tout devint noir, la mort l’avait surpris sans qu’il ne s’en aperçoive.

Les deux mercenaires encore en vie courraient toujours à en perdre haleine. Seul leur entraînement leur permettait de ne pas s’effondrer de peur. Ils venaient de passer les cadavres des goules, ils allaient bientôt atteindre la sortie. Un nouvel espoir s’empara de leur cœur, ils avaient une chance de s’en sortir, dehors la créature n’oserait pas les poursuivre, trop attachée à son tombeau.
- Je vois la lumière de la lune, cria Kilihant, c’est la sortie.
- Plus vite alors.

Seldorn grimpa les marches quatre à quatre et se jeta dans la clairière baignée par les rayons de l’astre lunaire. Alors que son compagnon allait à son tour sortir de la crypte, une serre pourvu de griffes s’accrocha à son cou et le fit replonger dans le sombre tombeau. Kilihant poussa un cri de terreur en disparaissant dans les ombres, le hurlement cessa presque aussitôt que l’homme eut disparu.
Le dernier survivant assista impuissant à la mort horrible de son ami. Il était mi-allongéé sur le sol, gardant les yeux fixés vers l’entrée de la crypte, de l’épouvante dans son regard.
- Il ne reste donc plus que toi, fit la voix du bakrys.

Seldorn se releva d’un bond, un tremblement incontrôlable lui parcourant le corps. L’horrible créature apparut à l’entrée de la sépulture et sorti au grand jour, les rayons de la lune rendant encore plus terrifiante l’apparence du mort vivant.
- Mais comment peux tu sortir de la tombe ? Bredouilla l’homme.
- Qui a dit que je ne le pouvais pas ?
Seldorn tourna les talons et s’enfuit en courant, le bakrys juste derrière lui.

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