Après avoir remercié le Roi ils quittèrent la demeure des Korrigans sous les "Bonne chance" et les "Hourras" des petits sujets du Roi. Un dernier salut et ils partirent, en route pour le cœur de la forêt, à la recherche de la grotte protégeant la pierre sacrée. Mel s'avéra un guide précieux car, élevée dans la forêt, elle connaissait mieux que quiconque les méandres de Jades même mieux que Will, et ce n'était pas donné à tout le monde ! Les petits êtres légendaires les suivirent discrètement curieux de découvrir où se rendaient des Humains accompagnés d'une Nymphe. Au détour d'un bosquet, ils tombèrent face à cinq hommes aux allures de conspirateurs. D'un coup d'œil rapide, Will remarqua des armes, en partie cachées par leurs vêtements.
- Restez sur vos gardes mais ne les provoquez pas, évitez de les regarder. Murmura celui-ci en signe d'avertissement.
Mel et Jehan acquiescèrent, les hommes les dépassèrent et soudain d'un même mouvement, sans un mot, les attaquèrent. En moins de deux seconde nos amis avaient comprit, Will attrapa son épée attachée dans son dos et désarma son premier agresseur avant de se jeter sur le deuxième. Mel saisit sa dague et croisa le fer avec le brigand face à elle. Quand à Jeh, il dégaina son poignard et trancha la gorge de son agresseur. Il se rua sur le cinquième homme. Will acheva son adversaire d'un coup d'épée. Il prit ensuite le temps d'observer les autres, Méline aux prises face au brigand commençait à faiblir et Jehan venait d'achever son adversaire. Le dernier homme, désarmé par Will au début de l'affront avait disparu. Les deux combattants encerclèrent Mel et son adversaire, qui, rassurée par la présence de ses amis saints et saufs, reprit courage et acheva son ennemi d'un coup de dague droit au cœur. Ils se regardèrent tout trois étonnés de ne pas être blessés et tombèrent dans les bras les uns des autres. Subitement la nuit arriva, ils dressèrent un camp de fortune et allumèrent un feu à l'écart du lieu de combat. Méline revint de la cueillette avec le repas du soir essentiellement composé de fruits des bois, de plantes et d'un lièvre. Elle dépeça l'animal et le mit à cuire prenant soin de ne pas réveiller Jeh et Will endormis. Une fois le repas prêt elle réveilla les deux jeunes hommes et leur servit à manger. Ensuite elle alla se coucher laissant le soin aux garçons d'organiser les tours de gardes. Au matin, Will la réveilla et lui apporta quelques fruits, puis ils repartirent en direction du cœur de Jades. Quelques Lutins et des Fées les suivirent à distance raisonnable. Bientôt ils arrivèrent en vue d'un torrent et Jehan proposa de construire un radeau. Aussitôt dit aussitôt fait, les épées et les poignards servirent à tailler, construire et assembler les rondins.
- Nous n'avons rien pour les accrocher, gémit Jeh.
Mais Mel n'étant jamais à court d'idée trouva une solution. Elle ramassa de longues herbes et entreprit de tresser une corde. Au bout de quatre heures de travail intensif, le radeau fut enfin prêt à partir. Ils embarquèrent, Will poussait le radeau à l'aide d'une perche en bois. Ils finirent par se laisser porter par le courant. C'est seulement à la tombée de la nuit qu'ils accostèrent. Au moment où Jehan sautait à son tour de l'esquif une main sortie de l'eau le harpa et il bascula dans le torrent.
- Ha ! Ha ! Ha ! s'écria une voix cristalline.
- C'est une Naïade, déclara Mel, elle n'est pas dangereuse, juste farceuse. Mel se pencha et tendit sa main à l'infortuné pour l'aider à sortir de l'eau et à se relever.
- Très drôle ! Et quel est le nom de notre farceuse ? Demanda celui ci légèrement vexé.
- Je me nomme Vaya. Répondit l'intéressé. Sur ces mots elle plongea et disparu.
- Qu'elle est belle ! Soupira Jehan en repensant aux yeux bleus limpides et la longue chevelure de la Naïade.
- Les Naïades sont des êtres qui vivent près de l'eau et dedans. Elles peuvent la contrôler. Expliqua Mel. Celle-ci doit avoir environ trente ans mais comme elles vieillissent très lentement on peut croire en la voyant qu'elle n'a que dix-sept ans.
La nuit étant tombée chacun s'endormit, négligeant d'allumer le feu protecteur. Ce fut une erreur. Will fut réveillé par un cri perçant de Méline. Il se rua au jugé dans la direction du cri, la nuit étant couverte on n'y voyait goutte. Heureusement Jeh réussit enfin à allumer un feu et Will stoppa net son élan. Devant lui se tenait le plus monstrueux ours qu'il n'avait jamais vu. Derrière on apercevait Mel inconsciente, peut-être gravement blessée. Il se rua au secours de son amie. Jehan attrapa l'arc, les flèches de l'Albinos et cribla le monstre de traits, mortels pour un homme, simples piqûres de moustique pour une telle bête. Will feinta et attaqua mais ne réussit pas à porter de coup fatal au monstre. Jeh saisit une grosse pierre et visa la tête de l'ours… Il la lança, l'animal reçu la pierre en plein museau et tourna la tête afin de distinguer l'importun. Saisissant l'occasion, Will sauta à la nuque de l'ours et lui perça la gorge. Le temps sembla s'arrêter, la bête chancela et s'effondra lourdement sur le sol. Will se précipita sur Méline, un vilain coup de patte l'avait assommé, on pouvait distinguer sur sa joue droite la marque des trois griffes de la bête, partant du haut de l'œil vers le bas de la joue. L'Albinos s'agenouilla et serra Mel contre lui. Jehan apporta de l'eau, un foulard et le lui tendit, puis il s'éloigna. Will baigna le front de la Nymphe. Au contact de l'eau elle se réveilla, au grand soulagement de son ami. Elle se redressa un peu et distingua le cadavre de l'ours.
- J'ai cru qu'il allait me tuer, c'était horrible, je n'y voyais rien. Sanglota-t-elle.
- Chut ! C'est fini, Mel, il est mort, calme toi. Murmura-t-il. Elle se serra encore plus fort contre lui et posa sa tête au creux de son épaule.
- Merci. Murmura-t-elle au creux de son oreille.
De loin Jeh vit Will rougir, il détourna les yeux et continua sa tâche. Une fois le repas prêt, il regarda de nouveau dans la direction de ses amis. Ils approchaient Will soutenant un peu Mel encore sonnée. Une fois le repas achevé ils repartirent sur le radeau. Pendant plusieurs jours, ils descendirent le torrent ne s'arrêtant que pour manger et dormir. Un matin avant de remonter sur le radeau, Will, en regardant Mel, aperçut la cicatrice de sa joue. Il s'approcha d'elle et lui demanda :
- Ne pourrais tu pas soigner ta joue ?
- Non, mon don ne fonctionne pas sur moi et il est trop tard pour la soigner avec des plantes. Expliqua Mel.
- C'est dommage, intervint Jehan, ces marques te défigurent.
- Mais non ! Au contraire je trouve que ça lui donne un certain charme. La défendit Will. Ils remontèrent pour la dernière fois sur l'esquif. En plein milieu de l'après-midi, l'embarcation heurta un rocher, les cordes se cassèrent, les rondins se séparèrent et les passagers furent précipités dans le torrent. A coup de brasse vigoureuse, Will rejoignit la Nymphe et ensemble ils nagèrent jusqu'au rivage. Une fois au sec, ils scrutèrent la surface de l'eau dans l'espoir de voir apparaître Jeh. Mais en vain. Will commençait juste à admettre la mort de son ami lorsque Vaya apparut soutenant un Jehan inconscient, mais bien vivant. Il fut étendu sur la berge et Mel s'empressa de soigner sa blessure à la tête. Il ouvrit les yeux. Vaya s'approcha, lorsqu'il la reconnut un sourire éclaira son visage et il la remercia maintes et maintes fois de son geste. Alors comme la première fois elle plongea et disparu dans l'eau après s'être assurée qu'il ne risquait plus rien.
Ils repartirent donc à pied après une bonne nuit de sommeil. Au bout de cinq jours, Mel s'écria :
- Nous y sommes ! Regardez ! La voilà la fameuse grotte. Allons y !
- Attend ! Reposons nous, nous ne savons pas ce qu'il y a dedans. Souvenez vous les paroles d'Elar. Les mis en garde Will
-"Mais attention, pierre être protéger par un puissant gardien sacré et lui être géant d'après certains." Récita Mel. Oui, tu as raison, nous irons demain.
Ils montèrent le camp au pied de la grotte, allumèrent le feu, préparèrent le repas et, fatigués, se couchèrent. Au matin, ils étaient fins prêts à pénétrer dans la grotte. Ils s'y glissèrent les uns à la suite des autres, Will ouvrant la marche. Après avoir descendu plusieurs escaliers et traversé plusieurs couloirs, nos amis entrèrent prudemment dans une vaste salle. Les parois de granit noir étaient recouvertes de peintures rupestres. Parfois elles étaient tellement recouvertes de lichens que les dessins disparaissaient sous la mousse. Au centre de la pièce était placé un piédestal en granit vert sur lequel reposait une pierre blanche recouverte de signes verts. Devant le piédestal se tenait …
- C'est impossible. Murmurèrent-t-ils en même temps.
Devant le piédestal se tenait un immense Dragon. Il possédait des ailes blanches, faisant contraste avec son corps, recouvert d'écailles vertes. Sa voix grave résonna dans le silence de mort qui régnait à présent.
- Bienvenue à vous, simples mortels. Que puis-je faire pour vous ?
- Noble Dragon, commença Will mal à l'aise. Mon village souffre d'un grand mal, nous nous sommes rendus chez les Korrigans et ceux ci nous on promis un remède en échange de la pierre blanche située derrière vous. Acceptez-vous de nous la remettre.
Le Dragon les observa longtemps et il déclara :
- Vous avez l'air sincère. Mais cette pierre j'ai ordre de la remettre à une condition. Chacun de vous devra répondre à une de mes énigmes, si l'un de vous se trompe vous repartirez bredouille.
Will, Jehan et Mel se concertèrent et acceptèrent le marché.
- Bien, qui commence ?
- Moi. Déclara l'Albinos.
- Ecoute bien voici mon énigme :

"J'ai des pierres mais je ne suis pas un mur,
J'ai des rues mais je ne suis pas une ville,
J'ai des murs mais je ne suis pas une maison.
Qui suis-je ?"

Le visage de Will reflétait son intense concentration. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il répondit :
- Noble Dragon, c'est un Labyrinthe.
- Exact, au suivant.
Jehan se plaça devant lui.
- Bien, écoute et fais attention :

"Quel est l'être qui marche,
Tantôt sur quatre pattes,
Tantôt sur deux et tantôt sur trois,
Mais qui va le plus vite lorsqu'il
En utilise le moins ?"

A son tour Jeh se concentra, un silence de mort régnait.
- Ma réponse Vénérable Dragon est l'Humain.
- Tout à fais. A toi jeune Nymphe, ne te trompe pas.

"C'est une place forte, sans porte,
D'où personne ne s'échappe.
Il y à des gens dedans
Mais pas d'éclats de voix.
Qu'est ce ?"

Le silence se réinstalla, seulement ponctué par les respirations. Mel avait beau réfléchir, elle ne voyait pas de solution à cette énigme. Elle tourna la tête vers ses compagnons. Les expressions de leurs visages signifiaient qu'il n'en savait rien. Elle pris une de ses mèches entre ses doigts et la fit passer de l'un à l'autre. Comme à chaque fois cela eu pour résultat de la calmer et de l'aider à réfléchir. Après une grande inspiration, tremblante Mel répondit :
- Puissant Dragon, la solution de cette énigme est un Cimetière.
Le Dragon ne répondit rien et Mel paniqua sûre de s'être trompée. Il écarta ses ailes blanches dévoilant la pierre. Doucement Will s'approcha et la saisit. Ensuite, sans un mot, ils quittèrent la grotte. Un murmure leur parvint :
- Félicitation jeunes mortels et bonne chance.
A leur sortie de la grotte Will s'approcha de Mel, il la prit dans ses bras. La jeune Nymphe s'abandonna sur son épaule.
- On a réussi ! On a la pierre. Grâce à ça mon village sera sauvé. Et c'est aussi grâce à toi Mel et à Jeh.
Il se pencha sur Mel et lui effleura les lèvres dans un doux baiser. Elle le regarda, les yeux brillant et s'éloigna sans bruit. Will cligna des yeux. Qu'est ce qui lui avait pris ? Certes, la Nymphe était très belle, mais il allait un peu vite. Ils passèrent la nuit devant l'entrée de la caverne, sereins et heureux d'avoir accompli leur mission. Le lendemain, ils repartirent avec, bien à l'abri dans le sac de Will, la pierre, solution de leurs problèmes. A la sortie d'une clairière, ils tombèrent face à un homme qu'ils connaissaient déjà : le seul survivant de leurs agresseurs. Aussitôt, l'homme hurla :
- Ceux sont eux ! Ils les ont tués, se sont des démons, tuez les !
Une dizaine d'hommes apparurent. Soudain, arrivèrent à leurs tours, Fées, Lutins et même Vaya. La bagarre fut générale et rapide, en cinq minutes plus aucun des agresseurs ne fut en vie. De suite, les êtres de la forêt disparurent, sauf Vaya.
- Heureusement que nous étions là n'est ce pas ? Fit remarquer la Naïade.
- Oui, ça devient une habitude. Plaisanta Jehan. Merci encore.
- A plus tard, peut-être. Elle disparut de nouveau.
Les trois amis se regardèrent et sans un mot repartirent. Ils remontèrent le torrent pendant plusieurs jours et frappèrent de nouveau au grand menhir.