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01 - EMPTY SCHOOL BY DARK FULLMETAL

France, Toulouse, 16 Juin -


Une sonnerie retentit et une foule de lycéens sortit des salles de cours : la pause de 16h15 avait sonné et les élèves du lycée Berthelot envahirent la cour. Une bande d’amis se regroupa sur l’amphi du milieu de la cour, et alors qu’un d’entre eux gravit la dernière marche de béton, il entendit des bruits de pas se rapprocher dangereusement de lui.
-Méchaaaant !
Un abruti sauta derrière lui en position « high kick » à la Bruce Lee et lui coupa le dos en deux, l’envoyant valser jusque dans un buisson un peu plus loin. Il se releva aussitôt et alla donner un coup de poing sur le crâne de son agresseur quotidien.
-P’taain mais tu fous quoi ?
-Mais t’avais dit que tu m’attendrais après le contrôle de maths !
-Ouais bah non, je t’ai fait signe de me rejoindre en bas !
-Ouais mais non, j’tai pas vu !
-Si tu m’as vu ! Tu m’as fait ton signe de la main…
-Quoi, ça, demanda-t-il en levant le pouce de la main droite ?
-P’tain tu t’es encore foutu de ma gueule !?
-Trop de non ! J’étais trop concentré sur c’te foutue feuille !
-Hun hun… ouais bah raconte, tu pense que t’as réussi ?
-Y’a intérêt ! J’me suis défoncé pour les révisions, j’ai dû tout déchirer !!

Une semaine plus tard, à la même heure, au même endroit, et après la même agression :
-Combien t’as eu ?
-Cinq…
-… ouais, t’as tout déchiré !
-P’tain ta gueule ! Sale bâtard combien t’as eu toi ?
-Quinze.
-… Ok c’est bon viens plus me parler !
Le brillant élève donna un coup aux côtes de celui qui l’avait battu de dix points. Ils se mêlèrent ensuite aux discussions absurdes de leurs amis et, lorsque la sonnerie retentit de nouveau, ils se dirigèrent vers le gymnase pour leur dernier cour de la journée.
Deux heures plus tard, il ne restait plus que quelques élèves dans les vestiaires, du côté fille et du côté garçon. Leur professeur était déjà parti, comme tous les autres élèves ; il ne restait plus personne. Edward, après sa déception en matière scientifique, aborda le sujet du prochain et dernier contrôle de sport de l’année. Bien que le mois de Juin ne faisait que commencer, les notes ne tarderaient pas à prendre fin. Il se tourna donc vers Dan pour faire part de ses impressions.
-Ben, de toute façon ça devrait aller, j’me débrouille bien au basket. Ca devrait remonter ma moyenne de quelques points avec le français et l’anglais.
-On verra bien. De toute façon, tu es sûr de passer en première alors te bile pas trop pour ça.
-Ouais, mais y’a ces notes en maths et physique-chimie qui vont me plomber…

Un de leurs amis, Patrick, dit « Patt », fit soudain irruption dans les vestiaires.
-Bougez-vous les gars, il reste plus que vous deux ici.
-C’est bon, j’enfile mon t-shirt et j’arrive, répondit Ed.
-Au fait, fit Dan, ils sont passés où les autres ?
-Ils sont dehors, à côté des terrains de basket. Y’a les trois folles qui sont encore en train de s’engueuler pour des raisons inconnues.
-Encore ? Sûrement à cause d’un mec…
-Ouais, et y’a Benjamin qui doit se taper cette embrouille tout seul, alors bougez-vous !
-Ooookay !

Les trois garçons sortirent bientôt des vestiaires leurs sacs sur le dos. Le soleil tapait fort- cela durait depuis déjà de nombreux jours- et Edward finissait d’enfiler son t-shirt, il ne l’avait finalement pas fait dans les vestiaires finalement, à cause de cette chaleur étouffante. Ce dernier, ainsi que Dan et Patt trouvèrent effectivement Benjamin –dit Ben- qui tentait vainement de calmer Florence, Ana et Lisa. Habitué à ce spectacle ridicule pour les uns et amusant pour l’autre, ils s’approchèrent juste de la seconde partie du groupe sans venir en aide à leur ami, et ils le regardèrent avec une certaine pitié. Voyant qu’aucun d’eux ne levait le petit doigt pour lui, Benjamin finit par s’énerver –enfin- et brailla quelques jurons avant de se tourner vers le trio féminin.
-P’tain mais arrêtez vous !! Vous m’gavez avec vos histoires de mec !
-Qu’est-ce que je disais, remarqua Ed.
-Vous avez qu’à sortir vous trois en même temps !
-On n’est pas des chiennes ! rétorqua Lisa.
-Se foutre sur la face pour un gars c’est pas mieux, ajouta Edward d’un ton sec.
-Ca fait trois mois que vous vous engueulez ! En plus il est moche !
-Il n’est pas moche ! T’es juste jaloux !! s’écria Ana.
-Non non, il est juste moche, je confirme.
-Ta gueule Ed ! cria Florence.
-Nan !

Un peu plus tard, les filles s’étaient calmées ; le petit groupe était enfin prêt à partir, il manquait juste Lisa qui avait oublié quelque chose dans les vestiaires. Les six autres l’accompagnèrent alors jusque là, elle récupéra ce qui lui manquait –une veste- puis alla dans la salle des profs d’à côté pour demander à leur enseignante de bien vouloir fermer la porte. Elle frappa à la porte puis, n’entendant aucune réponse, elle décida d’ouvrir. La porte était verrouillée. La jeune lycéenne demanda alors à ses amies d’aller voir si un professeur se trouvait dans les autres salles du gymnase, le petit groupe se retrouva deux minutes plus tard à l’entrée du bâtiment.
-Alors ?
-Personne.
-Bon, laissons tomber, on n’a qu’à demander à la vie scolaire s’ils peuvent s’en charger.

Ils sortirent aussitôt la décision prise puis se dirigèrent vers la vie scolaire, dans le bâtiment principal. La cour demeurait silencieuse. Aucun autre élève, aucun adulte ne circulait dans l’enceinte du lycée. Seuls les bruits de la ville parvenaient jusqu’aux oreilles des jeunes personnes qui traversaient la cour en pressant le pas. Edward fit remarquer à son acolyte ce silence pesant et inhabituel, c’était étrange, mais Dan ne s’en soucia pas davantage, la seule chose qui lui importait était de régler le problème du gymnase puis de s’en aller de ce lycée. Ils arrivèrent devant la porte du bâtiment, Patrick l’ouvrit et laissa passer les autres, Lisa se dirigea vers le couloir de droite, ouvrit la porte de la vie scolaire puis, surprise par le vide qui régnait dans la pièce, retourna auprès de ses camarades dans l’étroit hall d’entrée.
-Il n’y a personne…
-P’tain ! râla Benjamin. Jamais là quand on a besoin d’eux ! J’vais voir à côté.

Il fut vite de retour, l’air dépité.
-Alors ? demanda Florence.
-Que dalle…
-Ben, reprit Edward, pas la peine de se casser la tête pour ça. On se barre et puis tant pis. Après tout, c’est pas comme si il y avait des trucs d’important dans les ves…

Des bruits de pas coupèrent soudain Edward qui se tourna vers le couloir opposé à celui de la vie scolaire. Ils allaient peut être trouver une personne qui pourrait s’occuper du gymnase. Dan, Benjamin et Edward se précipitèrent vers cette personne, mais ils ne virent qu’une porte qui se refermait doucement et bruyamment. Edward se dirigea rapidement vers cette porte close puis l’ouvrit sans ménagement. Personne. Juste une porte qui se refermait lentement. Le trio masculin venait de le rejoindre, les trois filles trainaient encore derrière. La salle des professeurs demeurait vide et silencieuse, comme le reste des pièces du lycée et, finalement, Dan commençait à se douter de quelque chose. Le silence omniprésent et l’absence de tout membre de l’administration ou du personnel demeurait plus qu’étrange, surtout qu’ils étaient en pleine semaine.
Le soleil illuminait encore totalement les salles du lycée et les plongeait dans sa lumière orangée des fins d’après midi. Un vent léger vint faire trembler les feuilles des arbres de la cour tandis que des corbeaux s’y étaient rassemblés poussaient leurs cris sinistres.
Agacé, Edward ne tarda pas à perdre patience et, sans que ses amis ne puissent le retenir, il alla ouvrir cette dernière porte dans criant sans retenue :
-P’tain, mais ils se foutent de notre gueule ces enfoirés !

Il l’ouvrit violemment puis resta figé : personne. De plus, la pièce dans laquelle il venait d’entrer n’était rien d’autre qu’une pièce étroite dans laquelle se trouvaient quelques casiers hauts d’un peu plus de deux mètres et renfermant diverses dossiers. Dan, Benjamin et Patrick arrivèrent à ses côtés et furent tout aussi surpris que lui.
-C’est quoi ce délire ? Y’a bien quelqu’un qui vient de passer cette porte ?
-Y’a même pas la place de se cacher tellement c’est petit ici. Où est-elle passée ?

Au même moment, les filles arrivèrent enfin derrière eux.
-Qu’est-ce que vous foutez dans ce placard ?
-Putain…
-Dites, vous trouvez pas qu’il fait froid par rapport aux autres pièces ? demanda Dan.
-Maintenant que tu le dis…

Un courant d’air filtrait entre deux casiers. Dan demanda à Edward et Benjamin de l’aider à les faire glisser contre le mur pour voir ce qu’il y avait derrière. Ils écartèrent donc celui qu’ils pouvaient déplacer de l’autre casier, le poussant avec quelques difficultés ; les pieds métalliques du casier glissaient sur le sol de béton dans un fracas assourdissant, comme s’ils frottaient deux plaques de fer rouillées l’une sur l’autre. Une seconde pièce étroite, mesurant deux mètres de longs sur un peu plus d’un mètre de largeur, était cachée derrière. Elle demeurait plongée dans la pénombre. Patrick avança en premier dans cet espace froid et dont l’odeur faisait penser à celle d’une cave ; en arrivant au fond de cette chambre froide, il sentit que la surface sur laquelle il venait de mettre un pied était creuse. Il baissa alors les yeux et remarqua une sorte de trappe creusée dans le béton. Il recula un peu, se pencha vers cette ouverture, chercha une quelconque poignée puis, agrippant de ses deux mains une sorte de prise, souleva la trappe. L’ouverture donnait sur un tunnel sombre et profond. C’était de cet abyme suspect que provenaient l’odeur de cave et l’air froid qui flottait dans la pièce. Un grondement sinistre résonnait depuis le fond.
Tout le monde se trouvait maintenant dans la pièce aux casiers, ils pouvaient tous voir cet accès à un monde souterrain qui demeurait caché de tous.
-C’est quoi… ce délire ?
-Où est-ce que ça mène, à votre avis ? demanda Ana.
-Aucune idée, dit Benjamin.
-… Y’a qu’une seule façon de le savoir, fit Edward.
-Tu vas descendre là dedans ?
-Arrête tes conneries, Edward ! s’exclama Florence.
-Il a raison, dit Dan. S’il y a un passage louche dans mon bahut, je veux savoir où il mène.
-Il est hors de question que j’y aille ! fit Lisa.
-Moi non plus ! s’exclama Florence. On ne sait même pas ce qu’il y a en bas !
-Elle marque un point sur ce coup, avoua Patrick. On risque d’avoir des problèmes si on y va.

Un peu plus tard, après avoir tergiversé pendant une poignée de minutes, Dan déclara la chose suivante :
-Ecoutez : on n’a qu’à faire deux groupes. Ceux qui ne se sentent pas de descendre vont chercher de l’aide ou appellent les flics s’il n’y a vraiment personne, les autres nous suivent, Ed et moi.
-On ne descend pas ! dirent aussitôt les trois filles.
-Je descends avec vous, répondit Benjamin.
-… Je vais suivre les filles, je vous rejoindrais si on ne trouve personne.
-Bien, ne perdons pas plus de temps, déclara Edward.

Il s’avança jusque devant la trappe ouverte et se pencha au dessus du trou dont on ne voyait pas le fond. Son regard mêlait enthousiasme et inquiétude, et son cœur commençait à pulser. Les grondements souterrains et l’air froid qui glissait sur son visage lui glaçaient lentement le sang.




Fear

Fear 1 – Empty School

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