Elle était nue, étendue sur un grand lit aux draps de soie. Un homme était allongé sur elle et lui murmurait des mots d’amour à l’oreille tout en lui effleurant le cou de ses lèvres : « Hermione, je t’aime à en devenir fou… ». Dans la pénombre de la chambre, elle n’arrivait pas à voir qui c’était. Il lui semblait juste qu’elle le connaissait depuis longtemps. Les mains de l’inconnu se baladait sur son corps, la caressant et l’étreignant de manière avide. Il entreprit alors de l’embrasser fougueusement. La jeune fille sentit alors une sensation étrange l’envahir, quelque chose qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Une douce chaleur s’empara d’elle et descendit jusqu’au bas de ses reins…

Hermione se réveilla en sursaut. Le rêve paraissait si réel qu’elle en perdit la notion du temps et de l’espace. « Je suis chez Mrs Figg, se répétait-elle. Cela fait maintenant deux semaines que je suis ici… ». Elle se recroquevilla sur le lit, essayant d’oublier ce qu’elle venait de rêver. C’était complètement absurde. Comment pouvait-elle faire ce genre de rêve ? Cela ne lui ressemblait pas, c’était tellement honteux… Le réveil affichait 9H30, mais la chambre était dans la pénombre. En ouvrant les volets, elle vit un ciel sombre et nuageux. Il ne pleuvait pas encore mais cela ne saurait tarder. Son rendez-vous quotidien avec Harry n’aurait pas lieu ce jour là… Mais soudain, une petite forme blanche se détachait sur le fond gris. C’était Hedwige, la chouette d’Harry qui se dirigeait vers elle. Arrivée à destination, le rapace tendit une lettre écrite par son maître.

« Hermione, je viendrais chez Mrs Figg cet après-midi. Il ne sera donc pas nécessaire que tu te déplaces jusqu’au parc. Attends moi. A tout à l’heure. Signé : Harry. »

Rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Sans hésiter, la jeune fille prit une feuille de papier et écrivit une réponse rapidement.

« Harry, je t’attendrais, promis. Signé : Hermione. »

Elle remit la lettre à Hedwige qui s’envola aussitôt. Elle referma la fenêtre et entreprit de ranger un peu sa chambre car ses vêtements étaient légèrement éparpillés sur les deux chaises que comptaient la pièce. Depuis qu’elle sortait tous les jours avec Harry, elle essayait toujours plusieurs tenues avant de trouver vraiment un ensemble convenable pour plaire au garçon. En rangeant à nouveau ses affaires dans le placard, Hermione se demandait si elle n’était pas un peu bête de faire tant d’effort. Cela n’était pas dans ses habitudes de faire tant de chichi pour choisir ses vêtements. Est-ce cela l’amour ? Faire des trucs complètement futiles pour attirer l’attention d’un garçon ? Pourtant, Harry n’était qu’un ami, rien de plus. Depuis toutes ces années, elle devrait le savoir. Aucun amour ne pourrait être tissé entre eux. Hermione soupira.

Le rangement de la chambre fini, Hermione descendit dans la cuisine où elle trouva Mrs Figg occupée à nourrir ses chats. A la nouvelle qu’Harry viendrait chez elle l’après-midi, la vieille femme proposa de faire un bon gâteau pour le goûter.

- Est-ce que je pourrais essayer de le préparer, je n’ai jamais vraiment mis la main à la pâte, alors ce serait une bonne occasion d’apprendre.
- Oh, mais bien sûr ! ! Et puis Harry sera plus heureux de goûter au gâteau préparé par sa petite-amie.
- Mais Harry n’est pas mon petit-ami… Hermione commençait à rougir. Ce n’est qu’un ami, répondit-elle en baissant la tête.
- S’il ne l’est pas, il le sera bientôt. Vous êtes vraiment faits l’un pour l’autre. Attends une seconde, je vais chercher mon livre de recettes. Nous allons choisir ensemble le gâteau qui pourrait plaire à Harry.

Les paroles de Mrs Figg tournaient en boucle dans la tête d’Hermione tandis qu’elle s’affairait à préparer un délicieux fondant au chocolat. La petite-amie idéale pour Harry ? Ce n’était pas impossible. Si tout le monde les voyait comme un couple, cela prouvait qu’ils étaient très proches tous les deux. Et peut-être qu’un jour… Non, non et non ! ! Qu’allait-elle encore imaginer ? Elle s’était déjà faite à l’idée qu’elle ne serait qu’une amie pour lui. A force de rêver de choses qui n’arriveront jamais, la chute pourrait être très douloureuse… « Garde les pieds sur terre, Hermione. » GROOOOOOO…. ! ! ! ! Un tonnerre retentissant sortit Hermione de ses pensées. Dehors, la pluie était tombée de manière torrentielle. A travers la vitre, elle pouvait apercevoir les derniers badauds qui se dépêchaient de rentrer chez eux.

La pluie battait encore son plein lorsque Harry sonna chez Mrs. Figg vers deux heures de l’après-midi. Hermione s’empressa de lui ouvrir la porte. Quelle ne fut pas sa surprise de voir le jeune garçon trempé jusqu’aux os.
- Harry ! ! Tu n’as donc pas pris de parapluie ? ! !

Harry lui montra alors un vieux parapluie tout troué dont le manche était à moitié tordu.

- Comme tu peux le constater, ce parapluie est inutilisable. A la moindre bourrasque, il n’a pas arrêté de se retourner. Alors tant qu’à faire, j’ai préféré courir jusqu’ici le plus vite possible. Mais je crois que je n’ai pas été assez rapide….
- Entre vite, il faut te sécher sinon tu vas attraper un rhume.

Hermione conduisit son ami dans la salle de bain et lui tendit une serviette qu’elle prit dans un des placards. Au dessus de la baignoire, il y avait un étendage où on pouvait faire sécher quelques vêtements. La jeune fille demanda à Harry d’enlever son t-shirt mouillé, ce qu’il fit aussitôt.

- Je pense que tu devrais aussi enlever tes chaussettes et ton pantalon…
- Je veux bien mais je n’ai pas d’habit de rechange ici.

Hermione, qui était occupé à étendre le t-shirt, se retourna et vit Harry en train d’essuyer son torse nu et ses cheveux en bataille. Réalisant ce qu’elle venait de dire, son visage s’empourpra.

- Euh… attend, je crois qu’il y a un peignoir dans l’autre placard… Mrs. Figg ne verra sûrement aucun inconvénient à ce que tu l’utilises. Bon, et bien, je vais te laisser. Je vais t’attendre dans ma chambre.

Hermione sortit promptement de la salle de bain pour se rendre dans sa chambre. Jamais elle n’avait imaginé se retrouver dans une situation pareille. Qu’allait-elle faire ? Hermione fit les cent pas. Elle fut interrompue par le bruit de la porte qui s’ouvrait en grinçant un peu. Harry se tenait dans l’embrasure de la porte, vêtu d’un peignoir rose bonbon et des pantoufles assorties. Devant un tel spectacle, Hermione ne put s’empêcher d’éclater de rire. Le garçon à la cicatrice en fit de même tellement cette situation était absurde.

- Tu es très élégant ainsi, s’esclaffa la jeune fille.
- Je pourrais lancer une nouvelle mode, répondit Harry.
- C’est dommage que Ron ne soit pas là, il aurait pu te prêter quelques-uns de ses vêtements. Les miens ne t’iront sûrement pas. Mais ce qui m’ennuie c’est que tes habits ne seront pas secs ce soir…
- Oh, ne t’inquiète pas, j’ai parlé avec Mrs. Figg et elle est d’accord pour que je reste cette nuit.
- Tu… tu restes cette nuit ? ! ! Mais… Hermione ne s’y attendait pas et en resta sans voix.
- Et bien, tu n’es pas contente ?

On frappa à la porte. C’était Mrs Figg qui avait retrouvé dans ses armoires des vieilles robes de sorcier de son père. Elles étaient quelque peu élimées sur certains endroits mais restaient sobres. Harry se rendit aussitôt dans la salle de bain pour les essayer tandis qu’Hermione accompagna Mrs. Figg dans la cuisine pour préparer le thé. Dès qu’il eut fini, Harry descendit les rejoindre dans le salon. La bonne humeur fut au rendez-vous. La vieille dame raconta à Hermione comment Harry s’ennuyait à mourir lorsqu’il venait chez elle autrefois. Ils continuèrent à parler pendant le reste de l’après-midi en goûtant le fondant au chocolat d’Hermione, mais Mrs. Figg commença à somnoler légèrement. Elle demanda alors aux deux jeunes gens de l’excuser et monta dans sa chambre pour faire un somme.

- Au fait, Harry. Tu vas dormir où ? Il n’y a qu’une seule chambre d’ami et c’est moi qui l’occupe.
- Je me contenterais du sofa. Il n’est pas neuf, mais j’ai connu pire. Tu as l’air contrariée. Je suis peut-être trop envahissant.
- Non, ce n’est pas ça. Je suis même ravie que tu puisses rester. C’est seulement que… Hermione ne savait pas comment s’exprimer sans révéler à Harry quels étaient ses sentiments envers lui. Elle se sentit rougir de plus en plus. Mrs. Figg croit que nous pourrions former un très beau couple alors elle prend toutes les occasions pour que nous soyons le plus possible ensemble. Cela me gêne un peu…
- Si ce n’est que ça. Nous pourrions toujours jouer le jeu devant elle, s’amusa Harry. Tant que nous savons nous, qu’il n’y a que de l’amitié entre nous, je ne vois pas le problème.
- Oui, peut-être, soupira Hermione. Une flèche venait de lui briser le cœur.

Le reste de la soirée, les deux amis jouèrent aux échecs version sorcier tout en bavardant de l’année qui les attendait à Poudlard. L’heure du dîner arriva mais Mrs. Figg ne semblait pas être réveillée. Ils décidèrent alors de préparer le repas ensemble et d’appeler la vieille dame lorsque tout serait prêt. Cela ne fut pas une mince affaire et ils faisaient le mieux qu’ils pouvaient en suivant les conseils d’un livre de cuisine. Il leur parut plus facile de préparer des potions dans le cours du professeur Rogue que de faire cuire des carottes et des pommes de terre sans les faire brûler ou attacher à la poêle. Dès qu’ils jugèrent que le repas était acceptable et comestible, ils réveillèrent Mrs. Figg qui fut ravie des efforts faits pas Hermione et Harry, même si le résultat n’était pas fameux.

Lorsque la nuit tomba, Hermione disposa les draps et les couvertures sur le sofa puis chacun regagna respectivement sa chambre après s’être dit bonne nuit. De nouveau, la jeune fille fit le même rêve étrange. Elle était allongée dans les bras d’un homme, elle se sentait bien et en sécurité. Mais qui cela pouvait-il être ? Est-ce que c’est Harry ? Elle se réveilla soudain. Il faisait encore nuit. Elle se leva rapidement et descendit dans le salon où dormait Harry. Ce dernier était plongé dans un profond sommeil. Hermione se pencha légèrement sur lui pour mieux le regarder à la lueur de la lune qui transperçait les minces rideaux de la pièce. Il était très mignon. Elle avait envie de l’embrasser. Les lèvres du jeune garçon appelaient les siennes. Elle se pencha encore plus vers son visage.

- Je ne peux pas… Je ne peux pas le tuer.

Harry parlait dans son sommeil. Hermione comprit qu’il devait parler de son plus grand ennemi. Qu’elle était idiote. Comment pouvait-elle être aussi égoïste ? La menace de Voldemort pesait encore sur Harry. Ce dernier avait passé des années difficiles à cause de lui et elle l’avait oublié. Elle repartit dans sa chambre, non sans avoir les yeux qui s’embuaient.

Le lendemain matin, les deux amis ne se levèrent que vers les dix heures passés. Harry remarqua que la jeune fille avait les yeux un peu rouge. Hermione prétexta qu’elle avait eu du mal à faire partir une poussière dans l’œil et qu’elle avait du coup mal dormi. Tandis qu’ils prenaient un léger petit déjeuner, un hibou vint frapper à la fenêtre. Il apportait la Gazette du Sorcier. Hermione mit dans la bourse que tendait l’oiseau la somme pour payer le journal. En regardant la première page, elle reçut comme un choc. La Gazette titrait en couverture la venue de Viktor Krum en Angleterre pour occuper le poste vacant de professeur de Défense Contre les Forces du Mal à l’école de sorcellerie Poudlard. Il serait accompagné exceptionnellement par sa fiancée et logeraient ensemble à Poudlard, car cette dernière n’avait que seize ans et poursuivrait sa sixième année dans l’école britannique.

L’homme qu’Hermione avait rêvé ces deux dernières nuits, l’homme qui lui murmurait qu’il l’aimait comme un fou, c’était Viktor.