Il n’était pas vraiment herboriste, ni même apothicaire d’ailleurs. Il n’y avait aucune enseigne accrochée au-dessus de sa porte d’entrée. Ross Eustache Geller était simplement collectionneur anthropologue. Il s’intéressait à tout ce qui vivait sur terre que ce soit végétal ou animal. Selon madame Rosmerta, son cerveau équivalait une encyclopédie et sa maison une véritable caverne d’Ali baba. Ross Eustache Geller aimait conserver les choses rares. C’était bien pour cette raison qu’Hermione, accompagnée de Ginny, était venue lui rendre visite.

- Ah, c’est encore vous. Qu’est-ce que vous voulez cette fois ? s’écria le vieil homme en ouvrant la porte.
- Vous devez faire erreur. C’est la première fois qu’on vous voit, répondit Hermione.

Le vieil homme sortit des lunettes de sa poche, les essuya et les ajusta sur le nez.

- hum… C’est vrai. Vous avez des cheveux longs et vous, dit-il en pointant Ginny du doigt, vous n’êtes pas un garçon. Excusez-moi. Sans mes lunettes, je n’y vois rien. Mes précédents visiteurs étaient quelque peu désagréables et je n’avais pas envi de les voir mettre les pieds à nouveau ici. Alors, que puis-je pour vous ?
- Etes-vous monsieur Geller ? demanda Ginny.
- « Docteur » Geller, s’il vous plaît. Oui, c’est bien moi.
- Nous avons appris que vous aviez une impressionnante collection de papillon et…
- Inutile d’en dire plus. Ce sont les ailes d’un satyre que vous voulez, n’est-ce pas ?
- C’est exact. Comment l’avez-vous deviné ?
- C’est aussi ce qu’est venu chercher le couple que j’ai vu plus tôt. Vous aussi, vous voulez préparer un filtre d’amour ?
- Oui, mentit Ginny.
- Pfff… C’est pas malheureux ça. Les jeunes filles d’aujourd’hui ne savent plus séduire par leur beauté et leur simple magie. Vous n’avez vraiment pas besoin de ça, mignonne comme vous l’êtes. Je me suis marié trois fois et jamais je n’ai eu besoin d’un tel procédé. Enfin je m’en fiche. Si Dumbledore ne l’apprend pas, je m’en lave les mains. Venez donc. C’est par ici.

Le Docteur Geller les mena dans une pièce au fond d’un couloir dont les murs étaient décorés par de nombreux tableaux. Dans le même style, la pièce où ils se trouvaient maintenant était encombrée par des vitrines exposant de nombreux insectes et animaux empaillés. On pouvait même apercevoir des squelettes de créatures magiques telles des dragons. On se serait cru dans un musée d’histoire naturelle. Hagrid n’aurait pas apprécié cet endroit, pensa Hermione. Lui, préférait les animaux bien vivants.

- Bien, voici ma collection de papillons, annonça le maître des lieux. Si vous arrivez à trouver le papillon qui vous intéresse, je vous ferais cadeau de ses ailes.

Il devait bien y avoir des milliers de papillons épinglés sur le mur qui leur faisait face. Les deux filles ne perdirent pas de temps et observèrent attentivement chaque papillon un par un . Hermione avait fait des recherches sur le papillon qu’on appelait communément le Satyre perlé. Elle conseilla à Ginny de repérer un papillon au corps bleuté et aux ailes beiges nacrés ornées de petits cercles noirs, puis de jeter un sort de Lumos. Les ailes du Satyre devaient scintiller sous la lumière. Comme le mur était assez haut, Hermione essaya d’activer son pendentif pour voler un peu, mais rien n’y fit. Elle se résigna à lancer un sortilège de lévitation sur Ginny. Ce fut finalement au bout d’une heure qu’elle tombèrent enfin sur le bon papillon. Le docteur leva sa baguette et d’un geste magistral, la lit tournoyer en direction du papillon qui se multiplia par deux.

- Mais je croyais qu’on ne pouvait pas dupliquer les animaux ou tout être vivant ! s’exclama Hermione.
- « Un être vivant » ? sourcilla le vieil homme. Où voyez-vous un être vivant, jeune fille ? Je vous ferais remarquer que ce sort est à longueur de temps utilisé pour dupliquer des parchemins. Or, ces derniers proviennent pour la plupart d’arbres qui étaient EUX des êtres vivants. Tout le monde l’oublie et pourtant, il est primordial de le savoir et de le comprendre. Tout ce que nous offre la nature, nous le prenons, le jetons comme des malpropres sans reconnaissance. Nous travaillons, nous marchons, nous vivons sur des tonnes de cadavres. La voix du docteur augmentait au fur et à mesure qu’il parlait. Alors j’espère que vous ne gaspillerez pas inutilement ce que je vous ai donné, termina-t-il en donnant le double du papillon à Hermione.
- Bien sûr. Je vous en remercie infiniment et vous promet que je ferai dorénavant très attention à tout ce que j’utilise.
- Eh bien, vous au moins, vous êtes plus aimable. Si un jour vous avez besoin d’autre chose, n’hésitez pas à revenir.

Une fois sorties de la maison, les deux jeunes filles purent respirer le bon air frais du vent d’Automne et se détendre un peu.

- Ouf, nous avons maintenant tous les ingrédients. Il ne nous reste plus qu’à préparer la potion. Il vaut mieux ne pas trop traîner, suggéra Hermione.
- Oui, tu as raison. J’espère seulement que ça marchera.
- Tu verras. Dans moins de deux heures, cette histoire sera à mettre aux oubliettes.

Elles se dépêchèrent de rentrer au château et décidèrent de retrouver la Salle sur Demande afin d’avoir tout le matériel nécessaire à la fabrication de la potion. C’est ainsi qu’elles arpentèrent les couloirs les plus désert en souhaitant ardemment trouver une salle à l’abris des curieux. Ce fut au quatrième étage cette fois-ci que la porte secrète apparut. Les deux filles s’engouffrèrent à l’intérieur de la salle aussi rapidement qu’un fantôme. Au centre de la pièce se trouvait une table garnie d’un chaudron en or, plusieurs éprouvettes, des seringues, une balances et nombreux autres accessoires. Hermione sortit d’un sac tous les ingrédients qu’elles avaient pu obtenir le matin même à Pré-au-lard. Elle les aligna sur la table et prit sa baguette.

- Que fais-tu Hermione ? demanda Ginny.
- Je vais tous les dupliquer. Juste au cas où on ne réussit pas la potion du premier coup. DUPLICO TER !

Grâce à cette manipulation, trois exemplaires de chaque ingrédient furent créés.

- Bien, commençons.
- Ah, attend Hermione. J’allais oublié. Tiens, voici un cadeau pour toi. C’est de la part de Ron. Il a dû faire tomber ce paquet quand il est venu me voir à l’infirmerie parce que Madame Pomfresh l’a trouvé par terre sous l’un des lits voisins du mien. Elle a cru que c’était un cadeau d’un de mes soupirants, alors elle me l’a donné. Mais quand j’ai ouvert le paquet, il y avait un mot pour toi signé de Ron.
- Qu’est-ce que…

Hermione venait de découvrir le cadeau : une magnifique bague en argent massif sculptée en forme de fleur et serti de cristaux.

- Ca m’a aussi fait le même effet. Est-ce que tu crois que c’est une demande en mariage ?
- Je ne sais pas.. mais pour l’instant concentrons-nous d’abord sur ton problème.
- Oui, je sais.

Quand elles montèrent dans la tour des Griffondor, une page avait tournée, les soucis s’étaient envolés. Du moins, c’était ce que laissait paraître Ginny. Au moment où elle avait porté le verre rempli de potion, elle avait hésité un instant, puis avait tout avalé d’un seul trait, comme quelqu’un qui voulait oublier ses ennuis avec un verre de whisky. Elle n’avait alors plus parlé que de frivolités : la bague de Ron, sa signification, comment Ron avait pu trouver l’argent, et ainsi de suite. Arrivée dans la salle commune, Ginny se précipita dans les bras de Dean dès qu’elle le vit. Inquiet, le garçon lui demanda ce qui se passait. Ginny lui répondit : « Rien. Embrasse-moi. » et Dean s’exécuta sans autre commentaire. Hermione laissa le couple roucouler et alors qu’elle se dirigeait vers le dortoir des filles, elle tomba nez à nez avec Ron. Depuis que ce dernier avait surpris Harry et Hermione ensemble, il les évitait le plus souvent possible. Quand ils se croisaient, ils ne se parlaient pas. Pourtant, Ron prit la parole pour saluer son « amie ».

- Bonjour, tu tombes bien. J’ai un message de la part d’Harry. Il t’attend sur le terrain de vol. En fait, je préfère que tu sois avec Harry plutôt que Krum. Mon cœur cicatrisera plus vite. Je ne souhaite que ton bonheur. Par contre, si Harry te fais pleurer ou quoi que ce soit d’autre, tu peux compter sur moi.
- Alors la bague…
- Quelle bague ?
- Celle-ci. Hermione montra la bague.
- Je pensais l’avoir perdue pour de bon. Ha ha ha, c’est un peu gênant. Je pensais te l’offrir pour ton anniversaire mais j’ai manqué de courage. Mais finalement, je suis content que tu l’ai trouvé.
- Mais je ne peux pas l’accepter… C’est trop… surtout pour moi. Je sais que je t’ai fait souffrir. Je suis tellement désolée.
- Considère que c’est aussi un gage de notre amitié retrouvée. Accorde cette faveur à un pauvre cœur meurtri, porte cette bague. Regarde, la bague est magique, elle s’adapte à n’importe quel doigt.

Sans qu’Hermione ait pu protester, Ron avait pris sa main droite et lui avait enfilé la bague à l’annuaire. Que pouvait-elle lui refuser aujourd’hui ? Il était prêt à redevenir tout simplement un ami. Elle ne voulait plus le décevoir.

- Merci Ron. J’espère que notre amitié durera pour toujours. Je vais retrouver Harry. On se reverra plus tard, et on pourra à nouveau rire ensemble, n’est-ce pas ?
- Bien sûr.

Ron fit un large sourire. Hermione se sentit plus légère. Elle était vraiment heureuse. Rien ne pouvait plus gâcher sa journée. Elle a réglé le problème de Ginny, elle s’est réconciliée avec Ron qui avait accepté sa relation avec Harry et elle avait rendez-vous avec ce dernier. C’est ainsi qu’elle courait le plus vite possible pour rejoindre son « petit-ami ». Attends une seconde… Harry n’était pas vraiment son petit-ami. Les pas d’Hermione ralentirent. Il fallait quand même rester les pieds sur terre. Qu’est-ce qui lui a prit ? Ses ardeurs s’étaient calmés en atteignant le terrain de vol. Harry l’attendait avec son balai.

- Alors Hermione, es-tu prête pour voler aujourd’hui ?
- Hum… je ne sais pas si je vais y arriver. J’ai voulu essayé et j’ai reçu un échec cuisant. Je ne suis peut-être pas très douée pour le vol.
- Mais si. Ca a marché une fois, je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas encore. Il faut juste que tu te détendes. Ferme les yeux et respire un bon coup.

Hermione se laissa guidée par Harry. Elle sentit qu’il posait ses mains sur ses épaules, qu’il lui caressait les bras et la nuque.

- Harry, qu’est-ce que tu fais ?
- Chuut, c’est pour que tu te décontractes un peu. Suis ma voix. Imagine-toi le bleu du ciel, le blanc des nuages, les oiseaux qui battent leurs ailes. Je t’aime Hermione.

Les lèvres d’Harry se posèrent sur celles d’Hermione, qui surprise, ouvrit les yeux. Elle était prête à crier, mais Harry l’interrompit.

- Je crois qu’Hebe nous espionne toujours. Elle a encore des doutes. Regarde en bas.

En effet, elle pouvait constater qu’Hebe s’enfuyait. Elle remarqua aussi qu’elle flottait dans le vide. Elle fut prise de panique.

- Harry ! ! Au secours ! !
- Calme-toi. Prends-moi la main. Je suis là, à côté de toi, n’aies pas peur. Tu vois, ce n’est pas trop difficile.
- Oui, mais ne me lâche pas.
- D’accord, d’accord, riait Harry. Viens, on va faire le tour du parc et on reviendra ici. Il faut que tu regardes devant toi, pas en-dessous.

Au bout d’un certain moment, Hermione commença à prendre plus d’assurance et avait compris comment se diriger. Elle voulut essayer de voler seule, tout d’abord en flottant sans bouger, puis en faisant des petits cercles. Elle s’aventura même à slalomer doucement autour de quelques arbres du parc puis de monter en piquer pour prendre de la hauteur. C’est alors qu’elle vit de loin Hebe et Ron discuter ensemble. Ils étaient face à face, se tenaient la main, leur corps se rapprochaient, leur visage aussi. Hermione en perdit sa concentration et chuta.

- HEEERMIIIIOOOONE ! !