Elle se sentait étrangement bien, elle avait l’impression de flotter dans les airs, comme portée par le vent parfumé des fleurs printanières. Etendue dans l’herbe, elle pouvait voir les nuages prendre des formes amusantes dans le ciel d’un bleu limpide. L’un d’eux prit l’apparence d’un garçon pourvu de lunettes rondes avec des cheveux en bataille. Son visage reflétait une profonde tristesse. Une voix se fit alors entendre.

- Je suis vraiment désolée Hermione. Tu es la seule personne qui compte le plus à mes yeux, mais je n’ai pas su te protéger. Tu as fais de moi le plus heureux des hommes et sache que tout ce que nous avons partagé, tout ce que nous avons ressenti, je ne pourrais le trouver ailleurs qu’avec toi. Hermione, je t’aime tellement qu’il m’est difficile de te perdre. Pourtant, malgré tout l’amour que je te porte, l’occasion est venu de nous dire adieux. J’y ai mûrement réfléchi et c’est beaucoup mieux ainsi. Je vais bâtir un mur entre nous et loin de moi, tu pourras trouver le bonheur auprès d’un autre homme. Lorsque tu te réveilleras, tu ne te souviendras plus de rien. Je ne ferai rien pour raviver tes souvenirs. Adieu.
- Non, ne pars pas !! hurla la jeune fille. Tu ne peux pas t’en aller comme ça ! Je te promets que je retrouverai la mémoire !! Alors attend-moi, je t’en supplie attend-moi…attend-moi.

Hermione aurait voulu crier son nom, mais elle l’avait déjà oublié. Et plus elle essayait de se rappeler, plus elle avait mal à la tête. Son cœur se brisait en mille morceaux. Soudain, l’air devint glacial. Le noir envahissait petit à petit l’espace autour de la jeune fille qui se sentit alors tombée, tombée, tombée, comme dans un puit sans fin. Elle se réveilla en sursaut, les larmes aux yeux. Toutefois, elle ne se rappelait pas pourquoi elle pleurait. Tout était flou. Pourquoi était-elle allongée dans un lit inconnu ? Pourquoi voyait-elle ce plafond blanc au dessus d’elle ? Elle n’avait pas assez de force pour se lever. Elle entendit par contre des éclats de voix derrière une porte à sa gauche dont elle n’arrivait pas à percevoir les mots en entier.

- Bon, tu peux partir maintenant. Il ne faudrait pas qu’elle te voie à son réveil sinon le filtre pourrait provoquer des conséquences néfastes.
- T’es qu’un salaud. Comment t’as pu oser faire ça ? Elle aurait pu mourir à cause de toi.
- Ce n’est pas le cas, alors tire-toi.
- Je te jure que si elle est malheureuse par ta faute, j’userai de tous les moyens pour te le faire payer très cher.
- Je n’ai pas peur d’un sale traître.

Le calme revint. La porte s’ouvrit. Le regard d’Hermione croisa tout de suite celui de Ron.

- Merlin soit loué, s’exclama ce dernier. Tu es enfin réveillée.

Il se précipita au chevet du lit et prit la main de sa camarade.

- J’ai eu vraiment très peur. Sur le coup, j’ai été sous le choc. C’est de mon unique faute tout ce qui t’est arrivé. Je n’aurais pas du écouter Hebe. Elle m’avait dit qu’il n’y aurait aucun danger en te faisant boire un filtre d’amour. Malheureusement, il a du y avoir quelque chose dans le jus de citrouille que tu as fabriqué qui était incompatible avec le filtre et ça a fait un mélange dangereux. En buvant cela, tu t’es évanouie pour plonger dans un profond coma. Mais tu sais, j’étais vraiment désespéré parce que tu ne m’aimais pas, alors que moi, je crevais d’amour pour toi. Ah, je m’en veux tellement…si tu savais à quel point.
- Ron, murmura Hermione qui avait du mal à parler tellement sa gorge était sèche. Je suis… fatiguée.
- Oui, bien sûr. Attend, je vais appeler quelqu’un. Repose-toi en attendant.

Aussitôt le garçon sorti, Hermione ferma les yeux. Ce que venait de lui dire Ron l’avait émue. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle le voyait différemment aujourd’hui. C’était un sentiment un peu flou qui s’insinuait de plus en plus dans son esprit et dans son cœur. La venue du médicomage interrompit le cours de ses pensées. Après une longue série de tests de mouvement et de questions, Hermione avala un haricot magique, permettant de retrouver rapidement quelques forces. Elle apprit des soigneurs qu’on lui avait fait prendre une goutte de haricot magique toutes les heures pendant son coma, ce qui lui avait permis de rester dans un état stable. Mais ses muscles n’ayant pas travaillé pendant plus de 2 semaines, il lui faudrait encore du temps avant de pouvoir se lever. Toutefois, avec l’absorption d’un seul haricot magique, elle pouvait au moins se mettre assise et bouger librement ses bras et ses mains. Sa sortie de l’hôpital était prévue dans cinq jours et elle devait faire des exercices de rééducation pour que son corps se réhabitue aux mouvements.
Tous les soirs, Ron venait la soutenir en lui apportant notes de cours et devoirs. Elle fut même impressionnée de constater que son ami avait fait un réel effort pour rester attentif en cours afin de n’omettre aucun détail. Il donnait aussi quelques nouvelles de Poudlard en racontant les évènements les plus drôles. Il la faisait rire et elle trouvait cela charmant. Grâce à lui, elle était d’humeur joyeuse malgré ses muscles rendus douloureux à cause des exercices de l’après-midi. Elle en arrivait même à espérer sa venue impatiemment. Justement, ce soir-là, Ron était en retard. Dix minutes, vingt minutes, vingt-cinq minutes, trente,… Elle finit par ne plus quitter l’horloge des yeux. Une heure passa. Dans cette chambre, dans ce lit d’hôpital, elle se sentait vraiment seule. Puis on frappa à la porte. Son cœur bondit de joie quand le rouquin franchit le seuil. Elle n’avait qu’une idée en tête, courir dans ses bras et le serrer très fort pour ne pas qu’il reparte.

- Où étais-tu ? Je m’inquiétais. Je n’en pouvais plus de t’attendre. C’était si long.
- Je suis désolé. J’ai eu quelques problèmes en chemin, mais rien de grave. Je t’ai tellement manqué que ça ?
- Mais oui bien sûr ! Chaque heure passée sans toi est insupportable.
- Si tu continues à me dire des choses pareilles, si tu continues à me serrer aussi fort, je ne pourrais pas me retenir de t’embrasser.
- Alors, embrasse-moi, tout simplement.
- Tu es sûre que tu ne vas pas le regretter et me gifler ensuite?
- Non, je te le jure. Mais si tu hésites encore, je vais changer d’avis.

De retour à Poudlard, Hermione formait avec Ron un couple officiel à la surprise de tous sauf Harry. Celui-ci restait toujours à l’écart. A peine les cours étaient finis qu’il disparaissait sans que personne ne sache où il se trouvait. Il était tout aussi absent aux repas. Tout le monde supposait qu’il ne se remettait pas d’avoir perdu sa petite-amie. Les commentaires allaient bon train et Hermione ne pouvait démentir quoique ce soit sans avouer que sa relation avec Harry était fausse. Le comportement de son ami restait pour elle quand même assez étrange. Maintenant que les choses étaient devenues claires, elle pensait que leur trio retrouverait la complicité d’antan. Pourtant, ce n’était pas le cas. C’était même pire. A chaque fois qu’elle voulait parler à Harry, Ron l’en empêchait. Comme elle le sentait tendu, elle n’insistait jamais. Il semblait que les deux garçons étaient en froid, mais elle en ignorait la raison. Cela la rendait assez triste.
Cette nuit-là, elle fit un rêve horrible. Elle était devant un miroir et son visage au teint très pâle partait en lambeaux. Elle essayait diverses crèmes pour réparer sa peau sèche mais rien n’y faisait. Même en buvant le contenu d’une fiole, qui était son dernier espoir, sa peau ne restait lisse que quelques secondes. Elle était au désespoir. Une voix masculine derrière elle lui disait qu’il fallait bien que cela arrive un jour. Son heure était venue. Mais Hermione n’était pas de cet avis. Elle fit face à Viktor et lui jeta en pleine figure qu’elle ferait tout pour rester auprès de lui quitte à devoir prendre des mesures irrévocables. Sa voix était terriblement menaçante. Viktor se mit très en colère et la frappa. C’est alors qu’elle se réveilla.
Elle avait envi de vomir. Elle se précipita vers la salle de bain. Après s’être rafraîchi avec de l’eau bien froide, elle se regarda dans le miroir. Il n’y avait rien d’anormal. Elle essaya de se calmer mais elle continuait de trembler d’émotion. Elle décida de descendre dans la salle commune, elle avait besoin de la chaleur d’un bon feu et ne se sentait pas du tout rassurée à l’idée de retourner tout de suite dormir.
En s’approchant de la lueur des flammes dans l’âtre de la cheminée, elle aperçut quelqu’un bouger. Encore sous le coup de son cauchemar, elle recula de panique. Son pied se prit dans un tapis et elle tomba. L’inconnu se pencha sur elle ; elle prit peur ; elle se cacha le visage de son bras ; elle était prête à crier quand :

- Hermione, ce n’est que moi.

Elle reconnut la voix d’Harry. Elle était soulagée. Il la releva. Automatiquement, elle se blottit dans ses bras pour trouver un quelconque réconfort.

- Harry ! J’ai eu tellement peur.
- Chut, ce n’est pas grave. Ca va aller.
- C’est vraiment idiot de ma part. Je venais juste de faire un cauchemar alors, je… c’est embarrassant, je suis désolée.
- Ca va mieux maintenant ?
- Oui, beaucoup mieux. Merci.

Devant le visage souriant et apaisant d’Harry, elle se sentit encore plus rougir. Elle reprit vite ses esprits. Elle avait l’occasion de parler enfin avec lui, il ne fallait pas perdre cela.

- Est-ce que tu es fâché contre Ron ou peut-être contre moi ?
- Non, ne t’inquiète pas, je ne suis pas fâché.
- Alors pourquoi est-ce que tu ne nous parles plus ? Je ne te vois plus en dehors des cours.
- Je suis simplement occupé par différentes affaires.
- Je me suis demandé si tu ne me trouvais pas ingrate. C’est vrai, je n’ai pas eu le temps de te remercier pour tout ce que tu as fait. Enfin, pour en arriver à ce résultat, tu as dû trouver que ce que tu as fait était complètement inutile. Je suis tellement désolée. Si j’avais su répondre plus rapidement aux sentiments de Ron, et si on n’avait pas fait semblant de sortir ensemble, je ne l’aurais pas fait souffrir inutilement.
- D’accord, alors c’est là où tu t’es arrêtée.
- Comment ? Je n’ai pas compris.
- Oh, ce n’est rien, je me parlais à moi-même. Ce qui compte maintenant c’est que tu sois heureuse, non ? Alors ne t’en fais pas. Si tu es heureuse, je suis heureux. De mon côté, j’ai Cho qui me tient compagnie. On aimerait encore sortir ensemble en secret alors il ne faut pas que ça s’ébruite. D’ailleurs, je vais aller la rejoindre. Je compte sur toi pour n’enlever de points ni aux Serdaigles, ni aux Gryffondors.
- Pour qui tu me prends ? c’est vexant.
- Tu es ma préfète adorée.

Harry fit un baiser sur le front d’Hermione et partit sans se retourner, laissant sa camarade bien perplexe et confuse.