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Geneworld.net>Fan-fictions>Rowann>Pirates des caraïbes - la vengeance d'une blonde

02 - ALLIANCE PAR ROWANN

-Bugger !

Deux heures après sa défaite face au capitaine du Black Pearl, Emily Johnson faisait les cent pas dans sa cabine. Quand elle en eut fait le tour une bonne douzaine de fois en maudissant tout ce qui lui passait par la tête (personne n’en réchappa et Jack Sparrow eut même droit à trois tours), elle arrêta enfin son manège et s’écroula sur la chaise la plus proche. Elle tenta de se calmer en parcourant la pièce des yeux. La vue de certaines choses familières l’aidait à se détendre. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre d’une cabine de capitaine pirate, l’endroit réussissait à garder un aspect étrangement féminin. Cela était peut-être dû à la propreté irréprochable de la pièce. Ou à sa clarté. Peut-être que le mobilier y était aussi pour quelque chose. Tous les meubles aménageant la cabine étaient blancs, ou gris. Il était évident que leur propriétaire se donnait du mal pour les assortir, là où le pirate moyen se contentait d’amasser des coffres (Esthétique ? Kesako ?). Mais bien sûr, le signe le plus apparent du sexe du capitaine était la présence d’une coiffeuse dans un coin de la pièce. Le regard de la jeune femme s’arrêta sur le miroir de grande taille au cadre doré qui ornait le meuble. Elle se leva, s’en approcha et s’assit sur le tabouret, face à son reflet. Elle poussa un grognement de frustration suite à un examen rapide de son visage. Se détournant de la vision « d’horreur » qui s’offrait à elle, Emily pivota sur son siège afin d’embrasser du regard l’ensemble de la pièce. C’était sa « maison ». Le seul endroit qui lui restait. Mais contrairement à certaines personnes de sa connaissance, cette situation ne dépendait pas de sa propre volonté. Loin de là. En fait elle se sentait toujours vaguement mal à l’aise quand elle était en mer. Elle s’y sentait déplacée, car ce n’était pas son choix : merci à ce très cher Capitaine Sparrow ! Ca y était, elle remettait ça. Se ressaisissant, elle chassa le pirate de son esprit pour se replonger dans des pensées surement pas plus gaies mais moins dangereuses. Quel paradoxe de se sentir emprisonnée par l’océan alors que c’était le symbole même de la liberté ! Enfin, une liberté bien relative, d’après elle. Il faut bien avouer que l’on n’est libre sur l’océan que tant qu’on possède un bateau, chose qui n’est pas donnée à tout le monde, elle pouvait en juger de par son expérience personnelle. Le train de ses pensées fut interrompu quand elle détecta du coin de l’œil un mouvement sur la table. En s’approchant, elle remarqua que le mouvement provenait de l’aiguille de son compas qui venait juste de changer brusquement de direction. Elle fronça les sourcils et alla tapoter l’instrument, persuadée qu’il y avait un disfonctionnement. Il ne pouvait pas en être autrement : le bâtiment n’aurait pas pu changer de cap de cette façon. Tout d’abord parce qu’elle n’avait rien ordonné et, bien que son équipage se permettent quelques petites libertés, il ne fallait pas exagérer ; ensuite parce qu’elle aurait senti une violente embardée. Un navire de cette taille ne peut pas prendre un virage à quatre-vingt dix degrés en moins de deux secondes sans la moindre secousse. La porte de la cabine s’ouvrit à la volée et, alors qu’elle s’apprêtait à remettre à sa place le petit malin qui se permettait d’entrer sans frapper, elle se retrouva face à Leïla. Cette dernière se trouvait dans un état de panique que le capitaine ne lui connaissait pas.

-Qu’y a-t-il ?
-Capitaine ! Venez-voir !
-Qu’est-ce que-
-Vite !

Voyant que le moment était mal choisi, Emily se garda de réprimander son second pour le ton qu’elle employait et lui emboîta le pas jusqu’au pont. Arrivée là, elle constata que l’ensemble de l’équipage était penché sur le bastingage à tribord et semblait fasciné par quelque chose dans l’eau. Des murmures affolés parcouraient les hommes qui ne paraissaient pas s’être rendu compte de la présence du capitaine. Cette dernière en fut d’ailleurs très agacée et s’avança dans l’espoir de découvrir ce qui était si intéressant.

-Mais merde, qu’est-ce que vous regardez avec ces yeux de merlan pas frais, vous tous ?!

La majorité de l’équipage se tourna vers elle mais elle n’obtint pas de réponse pour autant et dut jouer des coudes pour parvenir à son but. Elle se pencha avec appréhension par-dessus le bastingage et du retenir un cri d’horreur.

-Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?!

L’eau bougeait. Mais pas un mouvement normal comme un clapotement ou des vagues, ni même un rouleau. C’était un courant. Un courant du genre vraiment pas normal. Emily pouvait voir l’eau s’enfuir à une vitesse alarmante à tribord, comme si quelqu’un avait arraché le bouchon du fond de la mer. Le bateau était irrésistiblement attiré et recommença à tourner de manière incontrôlée pour suivre l’étrange courant.

-Quand est-ce que ça a commencé ? demanda-t-elle à son second le plus calmement possible.

-Je suis venue vous prévenir dès que je l’ai vu !

Le capitaine garda le silence, retenant les questions qui lui brûlaient les lèvres mais auxquelles elle était sûre de ne pas obtenir de réponse. Mais comment Diable un phénomène de cette ampleur avait-il pu se former en à peine deux minutes ? Ca n’avait aucun sens ! Un petit homme à l’air agressif et au bandana vert, qui se trouvait être Pirce, se détacha du groupe et demanda tout haut ce que tout le monde, y compris le capitaine, pensait tout bas :

-Et maintenant Mademoiselle Prenons-un-raccourci ? Qu’est-ce qu’on fait ?
-Pour ta part si tu continue à me parler sur ce ton c’est tes prières que tu vas devoir faire ! Surveille ta langue Pirce, si tu ne veux pas que je te la coupe ! Les autres…sortez les avirons. Laissez les voiles là où elles sont, on risque dans avoir besoin.

-En fait…commença un autre pirate à la barbe tressée (un détail qu’elle trouvait tout bonnement ridicule soit dit en passant…)
-Quoi ? aboya-t-elle, plus qu’énervée.
-Il ne vaudrait mieux pas, capitaine. Le vent nous vient de face.
-Comment ? Mais il y a cinq minutes il nous poussait par l’arrière !

Une violente bourrasque lui répondit, envoyant ses cheveux voler dans sa figure et faisant passer son tricorne par dessus bord. Au bord de l’hystérie, elle dégagea sont visage par de grand gestes saccadés et se précipita vers la barre, lançant au passage :

-Hé bien laissez-tomber les voiles ! Aux avirons ! Bouger votre arrière-train en vitesse avant que je ne vienne vous y aider !

L’équipage commença à obéir avec empressement et Emily s’apprêtait à agripper la barre quand celle-ci se mit à tourner à toute allure, la dernière résistance du navire enfin vaincue. Réalisant à peine qu’elle aurait pu perdre une main, Emily fit volte-face et se mit à faire de grand geste ponctués de petits sauts hystériques.

-Lâchez tout ! Revenez ! Jetez l’ancre ! JETEZ L’ANCRE !

Tout le monde revint et se mit, pour les uns, à baisser la voile, pour les autres, à jeter l’ancre. Le reste faisait comme le capitaine : courir en essayant d’oublier son inutilité. Une fois l’ancre jetée, il y eut un instant de flottement durant lequel certains pirates commencèrent à se sentir soulagés. Ils n’en profitèrent pas bien longtemps car un craquement sinistre retentit au bout de quelques minutes, suivi de près par une plainte assourdissante de bois malmené. Il y eut ensuite un bruit strident qui força tout le monde à se plaquer les mains sur les oreilles et une secousse qui projeta à terre tous ceux qui n’avait plus les mains libres pour se rattraper : l’ancre raclait les rochers sans parvenir à retenir le navire et allait finir par arracher une bonne partie de la coque. Le capitaine Johnson se redressa avec peine et alla elle-même trancher la corde qui liait l’énorme pièce de métal au bateau. Il ne servait à rien de couper le bateau en deux pour ensuite mourir noyé dans le tourbillon qui se préparait un peu plus loin. Elle remarqua par la même occasion que le ciel s’était quelque peu assombri. Elle sentit deux mains tremblantes agripper son bras et croisa les yeux de Leïla. Elle y lisait la peur.

-On va s’en sortir ? Je veux dire…On s’en est toujours sorti jusqu’à présent, murmura-t-elle.

Emily afficha un sourire qui se voulait confiant mais qui s’avéra des plus crispés. Elle posa une main sur l’épaule de son amie et tenta d’éviter de bafouiller.

-Je l’espère. Je t’avouerais que c’est pas très bien parti mais j’ai vu pire.
-C’est vrai ?
-Non. Je disais ça pour te rassurer.
-Ah.

Aucune des deux ne reprit la parole. Elles venaient de le remarquer. Ils se dirigeaient à toute vitesse vers un nuage. Un énorme nuage noir.

o*o

Douleur. Stupeur, tremblements, enfer et damnation. Emily aurait pu trouver bien d’autres mots pour décrire son état si seulement elle avait pu réfléchir clairement. Son crâne était en proie à une douleur sourde et elle avait l’impression qu’une centaine d’aiguilles la transperçaient de toute part. Mais outre ses muscles endoloris et brûlants, ce qui inquiétait le plus Emily était sa mémoire : elle était incapable de se souvenir d’où elle était et de la cause de son état. Elle était couchée à plat ventre sur une surface dure et humide. Non, pas humide. Trempée. Elle déplaça une main tremblante de nervosité sur la surface en question et put sentir la texture spongieuse d’un sol de bois inondé. Elle était donc sur un bateau. Encore et toujours un foutu rafiot. Mais était-ce le sien ? Elle tenta d’ouvrir les yeux pour répondre à sa propre question mais échoua lamentablement. Elle se retrouva seule face à l’obscurité. Elle trouva étonnant de ne pas percevoir l’obscurité rougeâtre habituelle quand on ferme les yeux en pleine journée. Aucune lumière. Elle ne se rappelait pas que la nuit était tombée. Elle avait froid. Elle avait peur. Chaque donnée inconnue apparaissant dans le problème la faisait paniquer un peu plus. Dans l’espoir de retrouver on calme, elle tenta de se remémorer les derniers événements. Elle était…dans sa cabine. Non. Elle était sur le pont. Le compas pointait le nord. Le nord changeait de direction. Non, c’est complètement stupide. Ce n’était pas le nord qui se déplaçait, mais le bateau. L’eau. L’eau les entraînait. Elle se souvint du courant, puis tout lui revint. Le courant, le tourbillon, le vacarme, le noir. Puis plus rien. Avec un gémissement de douleur, elle se risqua à se redresser sur ses coudes mais ne put que retomber mollement, les yeux toujours clos. C’est à ce moment là qu’elle l’entendit. Quelqu’un approchait. Les pas produisaient un bruit sourd en frappant le plancher, ponctué régulièrement par le martèlement d’une canne sur le sol (« Boum Tac…Boum Tac… »). Attendez. En écoutant mieux elle n’entendait qu’un pied. L’homme se servirait donc de la canne pour remplacer une jambe invalide ? Ou alors était-ce une jambe de bois ? Ce n’était pas comme si c’était exceptionnel dans le milieu de la piraterie…Elle n’eut guère le temps de tergiverser sur la question car le bruit avait cessé, juste en face d’elle. Elle renouvela sa tentative pour ouvrir les yeux, y parvint enfin mais n’obtint pas de résultat très probant. Elle voyait flou. Tout ce qu’elle percevait était un amalgame de couleurs sombres et de formes indistinctes. Elle se dit avec son ironie légendaire que voir normalement ne lui servirait à rien étant donné qu’elle ne pouvait pas lever la tête. Il y eut un silence pesant. Emily aurait même utilisé le terme « oppressant ». Elle se sentait pour ainsi dire agressée par le silence et remercia même mentalement l’inconnu quand il décida de le briser.

-Well well well…Qu’avons-nous là? Il n’est pas dans mes habitudes de recevoir des jeunes filles à bord. Puis-je connaître la raison de votre présence sur ce navire ?

Etrange. Cet homme avait une voix étrange. Glaciale. Pas amicale pour deux shillings. Emily se souvint quelques secondes plus tard qu’elle était censée dire quelque chose, puisque l’on s’adressait à elle. Elle rouvrit ses yeux toujours aussi inutiles et tenta d’articuler une phrase.

-Ui’ ‘a’ai…l’ca’ d’o ‘ry…

Quel essai concluant…

-Je vous demande pardon ? s’enquit l’inconnu, vaguement agacé.
-Je…suis le capitaine…le capitaine du Rose-Mary.

Elle se rendit compte que dans son état, même parler était éprouvant. Le silence revint. Qu’attendait ce type pour dire quelque chose ? Elle lui avait donnée, sa réponse !

-Voyez-vous ça. Je suis désolé de vous le dire mais je m’attendais à quelqu’un de plus…épais.
-Comme tout le monde, n’ayez crainte.

Le type émit un ricanement nasillard. Puis il se pencha au-dessus d’elle. Du moins c’est ce qu’elle supposait. Elle ne pouvait pas le distinguer, étant toujours sur le ventre.

-J’espère que le voyage n’a pas été trop rude. J’aurais pu vous faire venir plus délicatement mais la patience n’est pas la plus grande de mes qualités.

Emily resta pétrifiée (comme si elle avait le choix…haha…). Cet homme n’essayait quand même pas de lui dire qu’il était à l’origine du tourbillon ? C’était impossible !

-…Quoi ?
-Vous n’avez pas l’air en forme, ma chère. Peut-être préféreriez-vous vous reposer avant que nous ne continuions cette conversation ?
-Qui êtes-vous ?

Elle avait posé la question abruptement. L’envie de faire de l’humour lui était passée en même temps que la colère lui revenait. Et puis d’abord où étaient tous les autres ?

-Je ne pense pas que cela vous intéresse. Vous avez sans doute d’autres préoccupations en tête.
-Que me voulez-vous ?

Emily sentit plus qu’elle ne vit l’homme sourire.

-Voilà qui est déjà plus raisonnable. Disons que j’ai un marché à vous proposer.
-Et si je refuse ?
-Tss…Attendez au moins de m’avoir écouté avant de vous montrer si catégorique. D’autant que vous ne me semblez pas en position de force sur ce coup là.

Il y eut ensuite un court bruit de succion, comme une bouteille qu’on débouche. Pas possible. Elle était en train d’agoniser à ses pieds et lui il se saoulait ! Un ami proche du capitaine Sparrow sans doute… Elle n’entendit pas le liquide s’écouler mais s’en fichait pas mal. Qu’il fasse ce qu’il veut avec sa bouteille du moment qu’il me fout la paix. Elle avait refermé les paupières, sa tête la faisait souffrir. Elle fut d’ailleurs étonnée de la fermeté de sa propre voix quand elle résonna sur le pont.

-Je vous écoute.
-J’ai entendu dire que vous avez eu certains…différents avec Jack Sparrow.

Elle se crispa.

-Oulla, n’oubliez pas le « capitaine », sinon il risque de surgir de nulle-part pour nous assommer avec ses discours à la con. Et dans ce cas je ne réponds plus de moi.

L’homme éclata d’un rire franc et poursuivit :

-Je vous comprends parfaitement. Il se trouve que moi-même j’ai bien de la peine à le supporter. C’est sur ce sujet que je voulais m’entretenir avec vous…
-Wow wow ! Attendez une minute. Comment vous savez ça vous, d’abord ?
-Je vous ai entendu. J’ai entendu votre appel.

Emily resta silencieuse quelques secondes. Ca n’était pas une réponse. D’autant plus qu’elle ne savait absolument pas de quoi il parlait. Quand elle le lui fit remarquer, il se contenta de continuer ses explications vaseuses.

-Vous et moi, nous voulons la même chose.
-Je ne veux rien du tout, je n’ai appelé personne et-
-Sa mort.

Elle se stoppa net, reposant sa tête sur le sol détrempé. Il n’y avait qu’une personne dont elle souhaitait la mort. Mais le fait est qu’elle n’avait jamais rencontré cet homme qui disait l’avoir « entendue ».

-De qui parlez-vous ? s’enquit-elle, feignant l’incompréhension.
-Vous savez de qui je parle. Sparrow. Il est temps que quelqu’un lui fasse payer tout ce qu’il a détruit. Tout ce qu’il a volé.

Elle ne dit rien. Elle écoutait. Elle n’avait rien à dire de toute façon, jusqu’ici elle était en parfait accord avec son interlocuteur.

-Après tout vous êtes la première concernée. Que vous a-t-il enlevé ? Qu’avez-vous perdu par sa faute ? Votre situation ? La confiance de votre famille ? Votre jeunesse ? Votre…vie ?
-Arrêtez ça.

Emily eut le sentiment désagréable que le sourire de l’homme s’était élargi. Elle ne voulait pas l’admettre mais les paroles de cet inconnu la touchaient. La blessure n’était pas encore guérie, elle ne le serait sans doute jamais complètement.

-Six ans, il y a six longues années qu’il a pris votre vie. C’est un peu comme s’il vous avait tuée en fait, reprit-il sur le ton de la conversation. Vous marchez, vous parlez, mais vous restez morte, retenue prisonnière par cet ersatz de vie que vous n’avez pas eu la possibilité de choisir. Il ne se rend pas compte. Il ne se sent sans doute même pas coupable. Ne désirez-vous pas lui faire payer pour-
-TA GUEULE ! FERME-LA ! Je veux pas t’écouter, tu piges ?! Je veux pas !

Elle frappait le sol de son poing, frustrée de ne pas pouvoir bouger. Son dos la faisait souffrir le martyr et son mal de crâne n’avait fait qu’empirer quand elle s’était mise à hurler. Mais pourquoi ne se sentait-elle pas mieux au bout de tout ce temps ? Elle avait même le sentiment d’être au bord de l’évanouissement.

-Je peux vous aider à vous venger de lui. Je ne souhaite que vous aider. Je…
-Vous. Et bien parlons-en justement. Il est juste que je veuille me venger de Sparrow, mais vous, c’est quoi vos raisons ? murmura-t-elle d’une voix faible.
-Elles sont purement personnelles.
-Les miennes aussi ! Ce n’est tout de même pas ma faute si vous en savez plus long que moi ! Je ne veux pas accepter l’aide de quelqu’un qui voudrait faire du mal pour de mauvaises raisons…

Le frappement de la canne/jambe de bois retentit à nouveau alors que l’homme semblait s’éloigner.

-Vous croyez sincèrement qu’il y a de « bonnes » raisons de faire du mal à quelqu’un ?

Emily resta silencieuse. Bien sûr qu’elle ne le pensait pas vraiment. Il fallait bien qu’elle se donne bonne conscience. C’est lui qu’a commencé, ne cessait-elle de se répéter.

-Je n’ai pas besoin de vous pour me venger, répliqua-t-elle d’un air buté.
-Hélas je ne peux pas me permettre d’essuyer un refus. Ce sera avec ou sans votre avis. Vous feriez bien d’y réfléchir, ne serait-ce que pour le salut du restant de votre équipage.

Horrifiée, Emily essaya une dernière fois de regarder l’homme mais ne put voir avec sa vue brouillée que ce qui semblait être ses bottes. Enfin, sa botte. C’était donc bien une jambe de bois.

-Le…Leïla ? bredouilla-t-elle.
-Elle est toujours en vie. Le fait est de savoir si elle va le rester et cela ne dépend que de vous.

Enfoiré. Sa seule amie en six ans, depuis qu’elle s’était retrouvée à la rue. Elles ne s’étaient jamais séparées depuis toutes ces années. Non, elle ne pouvait pas la condamner de cette façon. Et puis…Si elle pouvait obtenir sa vengeance…De quoi se plaignait-elle ? Tandis que l’idée faisait lentement son chemin dans son esprit, elle sentit son corps se détendre légèrement.

-Qu’attendez-vous de moi ?
-Amenez-le moi. Quand on y réfléchit, votre problème est le passage à l’acte. Je peux m’occuper de ça.
-Comment voulez-vous que je fasse ça ?
-Je vous fais confiance sur ce point. Vous n’êtes pas idiote. Servez-vous de ses points faibles.
-Quels sont ses points faibles ?

L’homme laissa échapper un léger rire. Toujours aussi déplaisant.

-Là est la question. Je ne vais pas m’occuper de tout, après tout c’est aussi votre vengeance.
-Libérez mon équipage.
-Ce sera fait.
-Où dois-je aller ?
-Vous posez trop de questions.

Exaspérée, Emily se redressa en s’appuyant sur deux bras tremblants. Par miracle elle ne s’écroula pas sur le plancher. Elle s’apprêtait à tourner un regard voilé mais désormais plus net vers l’inconnu quand il marmonna entre ses dents :

-Oh que non…

Elle sentit une douleur aigüe à l’arrière du crâne et s’évanouit pour la deuxième fois en quelques heures.

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