Il les observait depuis des heures déjà. Mais il ne s’intéressait pas vraiment à leur conversation, il songeait plutôt à la meilleure façon de réaliser son projet. Pourtant il se laissait aller de temps à autre à analyser les attitudes si factices de cet homme apparemment bienveillant.
Avec quelle adresse il trompait le jeune homme !
Ce dernier, lui-même il y avait tant d’années, se laissait totalement duper. Si jeune, si innocent, entièrement à sa merci. Seishiro devait sans doute se délecter de cette situation. Comment réagirait-il s’il passait de manipulateur à manipulé ? Si son visage avait été palpable, peut-être aurait-on pu distinguer un sourire carnassier sur les traits de Subaru Sakurazuka à l’idée de « jouer » avec lui.
Seishiro était tel que dans son souvenir et, même aujourd’hui, il ne parvenait pas à détecter de véritables failles dans toute cette comédie.
Lorsqu’il posait les yeux sur lui, que ressentait-il ?
Rien. Non, pas exactement. Il le trouvait séduisant, évidemment, à une époque il l’avait aimé. Mais, depuis qu’il était devenu le Sakurazukamori, il n’aimait plus. Subaru le voyait uniquement comme celui, à quelques détails près, qui avait fait de lui ce qu’il était à présent. Son mentor ? Non, pas vraiment non plus. Mais déjà ces réflexions l’ennuyaient et il reporta son attention sur le couple d’exorcistes.
- Om abokya... , entama le jeune Sumeragi.
Seishiro se tenait en retrait et l’observait en souriant tandis que Subaru libérait l’homme de l’emprise d’un esprit torturé. L’assassin était parvenu une fois de plus à convaincre l’adolescent et il l’avait suivi dans son travail. De quelle manière aurait-il était plus certain de garder sa proie intacte qu’en la surveillant ?
Il félicita le jeune homme puis la famille du possédé vint remercier chaleureusement le jeune exorciste. Les dernières explications fournies, ils quittèrent les lieux.
L’âme fantomatique du dernier Sakurazukamori comprit alors que le moment approchait. Une opportunité allait lui être offerte.
Brusquement Subaru Sumeragi sembla perdre l’équilibre.
- Ca ne va pas ? lui demanda Seishiro qui l’avait rattrapé à temps.
- Si, c’est juste que cet esprit était plus tourmenté que je ne le croyais. Ca va all...
Et il perdit connaissance.
Mais au bout de quelques secondes, ses paupières se soulevèrent lentement.
- Subaru ?
- Ne t’inquiètes pas Seishiro, tout va bien maintenant, dit-il en se relevant.
- Tu es sûr ? lui demanda-t-il encore.
Etait-ce du doute ou de l’incompréhension qu’il pouvait lire dans ses yeux ? Ou bien était-ce encore factice ?
- Oui, oui je vais très bien ! répondit Subaru en adoptant ce ton qui signifiait qu’il ne fallait surtout pas s’inquiéter pour lui, que ça n’en valait pas la peine.
'Oui, tout va parfaitement bien', se dit-il en souriant à Seishiro comme Subaru Sumeragi aurait pu le faire. Il était très satisfait de la tournure que prenaient les évènements. Il lui avait été si simple de dominer son jeune hôte et de le plonger dans le sommeil. L’exorciste avait tant donné pour accomplir son travail qu’il ne lui avait opposé aucune résistance. Subaru commençait à interpréter avec talent un caractère et des attitudes qui lui étaient totalement étrangères depuis qu’il était un Sakurazuka.
‘ Cela va être particulièrement divertissant ! ‘ se dit-il.
Mais ce qui lui plaisait surtout, c’était ce pouvoir. Il sentait gronder en lui, non pas uniquement cette énergie si caractéristique du clan Sumeragi mais la sienne. Sa puissance de Sakurazukamori liée à celle de son ancienne famille. Toute sa force était intacte.
- Seishiro ?
Ce dernier se tourna vers lui, un sourire aux lèvres, attendant la suite de sa demande.
- Tu es sûr que ça ne te posera pas de problèmes d’avoir fermé ta clinique toute la journée ? lui demanda-t-il, jouant son propre rôle à la perfection.
Le vétérinaire lui posa une main sur l’épaule.
- Mais non, je t’assure, répondit-il. Et puis, ajouta-t-il en souriant un peu plus encore, je n’aurais pour rien au monde manqué l’occasion de passer une journée entière avec toi mon cher Subaru !
L’exorciste adopta en un instant cet aspect profondément gêné, qu’il se devait de jouer s’il voulait garder l’illusion intacte, et Seishiro se mit à rire.
- Bon, je t’invite à prendre un thé, si tu es d’accord, Subaru. Je me dois au moins de faire cela après le travail que tu viens d’accomplir ! dit-il alors qu’ils quittaient la résidence des derniers clients des Sumeragi.
- Mer... merci Seishiro.

La journée se déroula dans la simplicité même, Subaru jouant son rôle parfaitement. Pas une seule fois Seishiro ne sembla prendre conscience d’un moindre changement en lui.
Le vétérinaire le déposa devant son immeuble.
- J’ai passé une magnifique journée avec celui que j’aime, c’était merveilleux !
- Seishiro !
- Mais oui, je t’aime, dit-il soudain sérieux.
Ils se regardèrent quelques secondes, Subaru admirant malgré lui l’adresse avec laquelle il tentait de le charmer.
- Ah ! Quel dommage que cette soirée s’achève ici ! Il faut absolument que je passe à la clinique ce soir... mais demain matin je t’apporterai le petit déjeuner pour me faire pardonner ! affirma-t-il avec flegme. Tu as passé une bonne journée aussi au moins ? demanda-t-il, exprimant à merveille une légère inquiétude, factice, évidemment.
- Oui... oui, bien sûr ! Mais je suis désolé d’avoir encore accaparé ton temps...
- Subaru, tu n’accapares jamais mon temps, c’est toujours un bonheur pour moi d’être en ta compagnie ! dit-il avec le plus charmeur des sourires.
Subaru laissa paraître sa gêne, il maîtrisait vraiment bien cette attitude, et il posa un rapide baiser sur sa joue avant de lui souhaiter bonsoir et de monter rapidement vers son appartement.
Sur ses lèvres apparaissait à présent le sourire satisfait si caractéristique au Sakurazukamori qu’il était. A l’instant, il avait pu percevoir ce léger éclat de surprise dans les yeux de Seishiro. Tout comme dans l’après-midi lorsqu’il lui avait effleuré la main de sa main gantée, apparemment, par pur inadvertance. Ou encore, ce léger tremblement qu’il avait cru déceler lorsque ses cheveux avaient frôlé une seconde le peau de son compagnon.
Ses réactions étaient moindres mais Subaru parvenait malgré tout à les percevoir. C’était ce qu’il avait prévu. Le jeu avait bel et bien commencé.
Le Sakurazukamori aurait aimé filer et espionner son prédécesseur dès le soir même. Car, ce soir, l’assassin ferait sans doute une nouvelle victime, et une certaine curiosité le poussait à vouloir l’observer dans son travail, mais il devait retrouver Hokuto, malheureusement.
Il entra calmement dans l’appartement et fut immédiatement arrêté par sa soeur.
- Subaru ! Alors...
Elle se tut soudainement en apercevant le visage de son frère. Le silence régnait dans la pièce.
Hokuto était si intuitive, avait-elle déjà des soupçons dès leur « première » rencontre ?

A suivre...

Kokoro : ne suis vraiment pas satisfaite...
Hokuto : pas étonnant, tu coupes l’action au moment de MON grand rôle ! ! !
Kokoro (qui ne lui prête pas attention) : ça va vraiment pas...
Hokuto : SEI, TU PEUX VENIR 2 MINUTES ! ! !
Sei : je suis là très chère belle soeur, que puis-je pour toi ?
Hokuto (chuchote qque chose à Sei) : ...
Sei (se retourne vers moi avec des pétales de cerisier tout autour de lui) : il est temps d’en finir, je crois
Kokoro (pas très rassurée) : Ok, c’est pas la peine de s’énerver, tu l’auras ton rôle Hokuto ( dit plus bas : mais je ne sais pas quand hé hé )