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Geneworld.net>Fan-fictions>Rowann>Alexandra Harris ou comment passer pour la dernière des alliénées

05 - OÙ L'ON ASSISTE AU DÉBUT DE LA FIN...OU À LA FIN DU DÉBUT ? BY ROWANN

Que dire...c'est très psychologique comme chapitre (si si, je peux aussi faire ça ^^ très mal mais je le fais quand même) et on trouve trente-six mille douze points de vue différents, qu'on reconnaît facilement (interpellations, mode de pensée, degré de stupidité dans les commentaires personnels)
__________________________________________________

Chapitre cinquième : Où l'on assiste au début de la fin...ou à la fin du début ?

[Dancefloor, bourrage de gueule chronique et contagieux, chassé-croisé dans le parc et premier baiser...ou peut-être pas (ouaaah 14 pages word, je jubile intérieurement et j'en bouffe mon devoir de physique (j'aime po la physique)!!)]


Sirius Black avait du mal à trouver ses mots —ou plutôt ses pensées- pour décrire la jeune fille qui venait d’apparaître en haut de l’escalier. Alexandra était…différente. Tellement différente que la première chose qui vint clairement à l’esprit du jeune homme fut « Elle s’est déguisée en fille ». Quel tact, quelle délicatesse…Le déguisement consistait en une robe XVIIIe siècle, à la manière de Marie-Antoinette. Celle-ci était en soie d’un vert pâle, rehaussant la couleur des yeux de sa propriétaire, parsemée de tout petits bouquets de fleurs peints, blanc nacré. Des dentelles et des nœuds avaient été cousus au niveau de la poitrine et de part et d’autre de la jupe. Les manches tombaient bien au dessus des poignets et étaient, elles aussi, bordées de dentelles et de petits nœuds. L’ensemble était remarquable sans en devenir trop voyant, ni de mauvais goût. Sandy et toute la clique avait également fait du bon travail au niveau des cheveux de notre jeune folle : habituellement désespérément raides, ils étaient à présent bouclés, formant des anglaises balayant ses épaules et dont certaines étaient rassemblées en un chignon sommaire. Aucun autre ornement n’était visible, il faut bien admettre qu’il aurait été inutile de rajouter quoi que ce soit. La jeune fille se tenait raide comme la justice et affichait autant de décontraction qu’un piquet de tente. De toute évidence elle aurait préféré se trouver n’importe où plutôt qu’ici. Elle descendit les marches restantes et se planta devant son cavalier qui ne trouvait rien de mieux à faire que de la regarder avec la bouche grande ouverte. Visiblement mal à l’aise face à cette situation —et à cause de toutes les personnes présentes qui la regardaient avec incrédulité- elle se risqua à l’interpeller timidement.
-Euh…Ca va toi ?
-…Hein quoi euh oui !Tu es…Tu es vraiment magnifique !
Elle rougit violemment et bredouilla un semblant de remerciement, alors qu’à quelques mètres de là, un dénommé Black ruminait des idées noires [nda : =D]. Comme pour mettre fin à son malaise, Silas se décida enfin à lui offrir son bras qu’elle s’empressa de saisir, toujours aussi gênée mais plus souriante. Ils passèrent devant Sirius (qui les regardait d’un air choqué sans voir que sa cavalière était arrivée) et James (bien trop occupé à baver devant Lily pour remarquer quoi que ce soit). Le couple passa la porte de la Grande Salle et fut accueilli par moult murmures et chuchotements.

J’arrive pas à le croire ! Moi, magnifique ? Et pourquoi ils me regardent comme ça ? Ils ont tous abusé de l’herbe, c’est pas possible autrement ! Silas à l’air content d’être avec moi, à vrai dire ça me rassure. Faut dire qu’après avoir vu la tronche de Sirius, je me suis un peu inquiétée, il avait l’air...choqué [nda : En fait il est choqué de pas avoir remarqué avant qu’Ally est une fille^^]. J’espère que cette gourde de Pénéloppe va bien lui fiche la honte. Oui car…Laura et moi on s’est un chtit peu occupé d’elle tout à l’heure hinhinhin ! C’est sa faute aussi, même pas foutue de repérer une corde tendue dans un escalier…Nous, enfin MON CAVALIER et moi nous dirigeons vers une des nombreuses petites tables remplaçant les quatre habituelles pour l’occasion. A propos, la déco est super ! J’avais jamais vu la Grande Salle aussi belle : des citrouilles éclairées flottent dans les airs, loin au dessus de nos têtes et des chauve-souris font du free-style sous le plafond magique —où apparaît une magnifique pleine lune, bien que celle-ci n’est censée avoir lieu que dans une semaine mais bon…Des toiles d’araignées s’enroulent gracieusement autour des lustres (oui les toiles d’araignées c’est gracieux d’abord !) et Peeves s’en donne à cœur joie en les lançant sur toute personne passant à sa portée. Au moins y en a un qui s’éclate…J’ai toujours la tête en l’air quand un truc me saute dessus par derrière.
-DAMNED nous sommes perdus !!!
-Yo calme poulette ! C’est moi !
Amélia. Je crois qu’un jour elle va finir par la fenêtre avant d’avoir eu le temps de dire « ketchup » ( ???).
-Alors les tourtereaux, c’est l’éclate ?
Silas a l’air profondément gêné, j’ai l’air profondément saoulé, Amélia a l’air profondément stupide.
-Je dérange, je suppose ?
-Tu supposes bien.
Voyant comme je la regarde, elle s’éclipse sans demander son reste en miaulant exagérément pour retrouver son cavalier qui paraît sceptique. Il doit s’être rendu compte que cette fille partage son cerveau avec Laura —et je me demande encore laquelle a eu le meilleur morceau. Je me retourne vers Silas pour m’excuser du comportement…particulier de mon amie, mais il me tend la main. Eeeeuuuh…Mais encore ?
-Hein ?
-Tu danses ? Les préfets ouvrent le bal.
Je suis décidément une fille des plus stupides, à peine capable de reconnaître une invitation à danser quand j’en reçois une. Je me retiens de me foutre une baffe et prends la main qu’il me tend. Mais…Houston nous avons un problème !
-Je ne sais pas danser…
Je dis cette phrase d’une toute petite voix, espérant qu’il ne m’entendra pas et qu’une météorite s’écrasera en plein milieu du château expressément pour fournir une excuse valable au fait que je ne danse PAS. Oui oui, je suis pleine d’espoir.
-Ah bon ?
Je suis trop nuuuulleuh ! Il reprend :
-Moi non plus. Ca te dit qu’on se ridiculise ensemble ?
Ce type est un ange ! Ah ça c’est pas Sirius Black qui aurait dit un truc aussi gentil. Lui c’est plutôt « Mouais, ça m’étonne pas trop… » ou encore « Donc ça te dérange pas si j’invite PENELOPPE à ta place ? ». Pour une fois j’ai gagné aux changes, c’est pas trop tôt ! Ca fait quand même près de seize ans que j’attends qu’il m’arrive un truc bien du style un petit-ami ou bien une note au-dessus de la moyenne ! Allez, détend-toi poulette et enjoy !

-Nan mais regarde-les ! Ce type n’est même pas fichu de la faire danser correctement !
-Si tu veux Sirius, mais arrête deux secondes d’épier leurs moindres faits et gestes et invite moi à danser s’il-te-plaaaît !
-Non, je n’en ai pas envie !
Mais qu’est-ce qu’elle me veut elle ! Non seulement elle arrive avec un quart d’heure de retard et dans un état pitoyable —où est-ce qu’elle a été se faire ce cocard ??- mais en plus elle me saoule depuis tout à l’heure pour une pauvre danse à la con ! Comme si j’avais rien d’autre à foutre…Dire qu’elle m’est passé devant sans même me regarder ! Elle était toujours un peu rougissante avant, et je jurerai même qu’elle avait l’air déçue quand je lui ai demandé d’inviter l’autre pour moi. Mais elle l’a fait. Même pas un sarcasme pourri comme elle a l’habitude de faire. C’est qu’elle m’ignore carrément ! Mais ça va pas se passer comme ça ! J’ai pas invité l’autre cruche pour qu’elle se jette dans les bras du premier venu au lieu d’attendre que je lui parle ! Et puis je comprends même pas pourquoi j’arrive pas à me la sortir de la tête, elle est pourtant pas si canon et complètement bizarre…Bah peut-être que j’aime bien me faire casser par une originale, je dois être un peu maso…En attendant j’ai aucune envie de danser…Mais si je reste ici, ça va nuire à ma réputation…Autant Pénéloppe je m’en fous, autant je veux pas perdre ma réputation de plus grand fêtard de Poudlard ! Et puis je vais passer pour un goujat si je n’invite pas à danser cette…ce…enfin elle. Mais qu’est-ce que c’est lourd d’être populaire !
-Tu veux toujours danser ?
-Oh oui Sirius !
Mais dans quelle galère je me suis fourré…

-N’était-ce pas une bonne idée ce bal ?
-Oui, bien sûr Albus…Mais êtes-vous bien certain que les circonstances se prêtent à…
-Les circonstances sont ce qu’elles sont et, en ce qui me concerne, je pense qu’un peu de distraction ne peut faire de mal à personne.
-…Vous avez sûrement raison.
J’observe Minerva s’éloigner sans pour autant avoir l’air convaincu. Le jour où elle consentira à s’amuser sans se poser de questions, les trolls auront inventé le fil à couper le beurre. Formidable invention d’ailleurs que celle-la…J’attrape un bonbon au citron dans un plat sur le buffet et le porte à ma bouche. Mmmh ! Je ne connais rien de meilleur que les bonbons au citron ! A part peut-être les glaces au citron…les tartes au citron…ou encore les zestes de citron confit…ou…Oui en fait il y a des tas de choses meilleures que les bonbons au citron. Je retourne m’asseoir à la table des Professeurs et contemple la Grande Salle. Tout le monde à l’air de bien s’amuser. Tiens, mais ce sont les sœurs Black dans ce coin de la salle. Narcissa doit encore essayer de raisonner sa sœur pour ne pas qu’elle assassine quelqu’un…Elle devrait pourtant se réjouir, le jeune Lestrange l’a invitée, je ne comprends pas pourquoi certaines personnes refusent de se dérider au lieu de gâcher leur jeunesse dans des complots de bas-étage…Cela concerne aussi bien le petit Rogue. Il faut avouer que si Tom continue à faire l’idiot avec ses convictions plus que douteuses, la vie de tous ces enfants risque de s’en trouver bouleversée. Tous n’ont pas le caractère de Sirius Black, il est évident qu’ils suivront leurs parents…Si seulement…

Un pas à gauche, un pas à droite…
-Aïeuh !
-Oh excuse-moi !
-Si ça ne te dérange pas, je préférerais retourner m’asseoir quelque temps…
-Bien sûr !
Bordeeeeel de meeer….crediiiiiii !! Mes pauvres pieds ! A ce rythme là je vais tomber cul-de-jatte avant la fin de la soirée ! Soirée qui est toujours aussi formidable, soit dit en passant. Il faudra juste…éviter de danser la valse à l’avenir. Du moins pas avec Silas. Et avec des chaussures en acier trempé. Mais pour ce qui est du reste c’est vraiment un cavalier paar-fait ! Si on excepte le fait qu’il ne parle presque pas…Faut dire qu’on a pas grand chose à se dire en même temps.
-Ally ?
-Vi ?
-Je vais juste voir Andrew qui est un peu plus loin, ça ne te dérange pas ?
-Oh non pas du tout !
Il me sourit et va rejoindre un tawin un peu plus loin. Très bien, comme ça je vais pouvoir espionner les gens de manière tout bonnement éhontée. Une de mes activités favorites après lancer des sarcasmes et passer pour une conne. Voyons voir…Tiens, James et Lily ! Bah on s’emmerde pas à ce que je vois ! Et que je me marre, et que je fais le con, et que je te pelote discrètement…Elle a bu ou quoi ? Bof, si y a que ça pour la décoincer…Laura et…truc-muche. Bigre, il est presque dix-neuf heure et elle est encore debout ! Un exploit ! Le cavalier d’Amélia, en revanche, à l’air de moins s’amuser : elle est déjà en train de danser avec un autre type et on dirait que c’est pas le premier. Ne jamais sous-estimer la force du chat et sa moitié de cerveau. Hé ! Mais c’est Bellatrix qui est en train d’étrangler sa sœur là-bas ! Oh comme c’est bête, Mc Gonagall vient de s’en rendre compte. Elle est tout le temps stressée cette fille, elle sait pas s’amuser. En même temps ça doit être dur avec son cavalier qui courtise cette fille juste sous son nez…C’est bizarre ça me donnerait presque envie de la plaindre…Naaaaaaaaaannn ! Elle a que ce qu’elle mérite, c’est le pauvre Lestrange qui est à plaindre : fiancé à une débile psychopathe, un cas pathologique rarissime, c’est dur. Tiens, Laura ! Elle et Remus on pas arrêté de danser depuis le début de la soirée, ils forment le parfait petit couple de la soirée, le préfet et la copine coincée de la folle de l’école…Nan nan je suis pas jalouse du tout, c’est pas parce que j’ai pas une relation aussi construite et profonde avec mon cavalier que je dois désespérer pour autant. C’est juste que je suis encore sous le choc de ces pulsions malsaines que j’éprouvais pour Black, mais ça va passer, je suis pas inquiète…A propos ils auraient pas un truc plus fort que de la Bièraubeurre ? Pas que j’envisage de me saouler mais ça fait cinq minutes que mon cavalier s’est barré et je ne le vois plus. Ouais bon, peut-être que j’envisage de me saouler finalement. Si y a que ça pour mettre l’ambiance, après tout je passe pour une conne toute l’année alors je risque pas d’être dépaysée. Et en plus là j’aurais une excuse.

-Très chers élèves et professeur, je pense que l’heure est venue de satisfaire nos estomacs, si vous voulez bien rejoindre vos tables…
Génial peut-être que mon parfait cavalier va se décider à revenir.
-Alors, tu vas toujours bien ?
Et voilà.
-Oui oui.
Ne surtout pas avoir l’air dépendante de lui et lui faire croire que je me débrouille très bien toute seule, tout en glissant une allusion subtile sur le fait qu’il est été assez long.
-T’as mis un peu de temps…
Ok, je viens d’apprendre à l’instant que je suis pas une fille subtile.
-Excuse-moi, je ne voulais pas…
-Oh non non c’est pas grave, pas grave du tout !
On reste plantés l’un en face de l’autre comme deux idiots quelque temps puis il se décide à s’asseoir. Manque de pot, toute ma ribambelle d’amies débiles se sentent obligées de faire de même, et avec leurs cavaliers en plus. Pour Amélia et Laura, je dis ça parce qu’elles me saoulent. Pour Sandy et Lily c’est parce que leurs cavaliers sont des Maraudeurs. Comme les Maraudeurs ne se séparent jamais, le reste de la troupe s’incruste aussi et si la troupe s’incruste, Sirius Black vient squatter ma table. Je suis pas dans la merde. En plus il a l’air enchanté d’être là…C’est formidable.
-Vous êtes tous bien conscient qu’aucun de vous n’a été invité à squatter cette table ?
Black me répond avec son air suffisant à la con qui donne envie de le bouffer tout cru (je suis consternée par ma propre connerie à ce moment là).
-Exactement.
-Très bien, simple information.

Pas plus marqués que ça par mon ton sarcastique au possible, ils s’installent tous joyeusement, chacun s’occupant de son cavalier plus que de ses voisins —exception faite pour moi qui fait la gueule, Silas qui a l’air plutôt gêné de voir autant de monde envahir son espace vital et Black qui me regarde d’un air bizarre. Je vais finir par lui en coller une, il va même pas comprendre ce qu’il lui arrive ! Quand j’aurais pris une petite dizaine de centimètres…Je m’applique à lui rendre son regard bizarre même si je dois faire beaucoup moins peur que lui en ce moment mais bon…J’avais jamais remarqué à quel point cette Pénéloppe Darcy avait l’air con. Son cavalier et moi on se fixe depuis qu’on est assis et ça a pas l’air de l’intéresser outre mesure. Je me doutais bien d’un truc quand j’ai été lui refiler ce « si précieux » message mais là…Cette débile m’a fait tout un sketch et j’ai mis cent trente ans à lui prouver que oui je suis bien ici de la part de Sirius Black et que non je ne participe pas à un complot visant à entacher sa si merveilleuse réputation. Je crois que cette fille doit vivre dans le monde magique de ses petits poneys, c’est pas possible autrement. Je suis tellement fantastique avec ma tête de poufiasse, mes cheveux de poufiasse, mes habits de poufiasse. Sirius Black ne pouvait pas faire autrement que de tomber sous son charme, c’est évident. Là vous me direz que je suis jalouse d’une fausse blonde affichant moins deux de QI au compteur et vous aurez raison. J’aurais pu dire à Black d’aller se faire foutre ou ne rien dire du tout à personne mais non. Il a fallu que j’aille faire mon boulot bien gentiment. Je sais que ça paraît dingue mais je crois que j’ai peur de Sirius Black en fait. Je suis pitoyable.
-Ally ?
-Hein ?
-De retour parmi nous…
-Malheureusement pour toi Black !
Il me regarde encore avec son air de psy et finit par me sortir…une phrase de psy :
-Pourquoi t’es toujours aussi agressive ?
-Et beenn peut-être bien que je cherche à me défendre de quelque chose ou encore j’aime bien te faire chier…Ouais je crois que c’est ça plutôt.
-Je disais donc, tente de reprendre Silas, les menus viennent d’apparaître.
-Merci beaucoup.
J’attrape donc le menu et un silence s’installe. Un ange passe. Puis deux, puis trois et finalement c’est toute la bande à St-Pierre qui défile en dansant la macarena alors que pèse sur notre table une tension à tailler à coup de machette. Potter regarde Lily d’un air énamouré, Lily regarde Amélia qui elle-même regarde Laura qui elle est absorbée par son menu. Black me regarde, je regarde Black, Silas nous regarde tout en essayant de ne pas s’enfuir en courant. Pettigrow regarde Remus qui lui observe le plafond et Sandy à intervalles réguliers, Sandy qui elle-même regarde ses ongles en essayant d’avoir l’air fascinée. Mes amis, que d’ambiance à la table des Maraudeurs. Un mythe s’effondre. Vous croyez que si on saoule Pettigrow il acceptera de faire un strip-tease sur la table ?
Silence. Tout le monde me regarde d’un air consterné, mis à part Potter qui se retient d’éclater de rire et le concerné qui me regarde, visiblement très effrayé. Ben quoi ?
-Me dites pas que j’ai dit un truc pareil à voix haute ?
-J’ai bien peur que si, répond Remus en souriant nerveusement.
Finalement c’est peut-être moi qui suis bourrée. C’est bizarre j’ai bu à peine une demi-douzaine de Bièraubeurre pourtant. Comme l’atmosphère est encore pire qu’avant, je commande ce que je veux à mon assiette. C’est que j‘ai faim moi avec leurs conneries. La bouffe apparaît, ce qui nous donne une bonne excuse à notre silence pour au moins deux minutes. Il fait un peu chaud ici non ?
-Non je ne trouve pas qu’il fasse chaud, me dit Silas. Tu es sûre que tu te sens bien ?
Il me regarde d’un air inquiet et moi je me demande encore pourquoi je me sens obligée de dire tout ce que je pense d’un seul coup. Et pourquoi Dumbledore a les cheveux roses. Ou verts. D’accord je suis complètement pétée.
-Siriiii ! Pourquoi sommes-nous venus nous asseoir à cette table ? Tes…amis sont très gentils mais un peu bizarres…, sors P-S (Pénéloppe-Salope).
Je dois me sentir visée ?
-Oh oui vas-y Siri, explique-nous la raison pour laquelle tu t’es senti obligé de squatter MA table ?
Il me lance un regard noir auquel je réponds par un sourire niais et réplique au truc qui l’accompagne qu’il se met où il veut. C’est un truc de la famille Black d’avoir l’air aussi puant d’orgueil quand on s’adresse au commun des mortels ?

Nouveau silence à couper au hachoir. Apparemment ma bouche a décidé de dire tous les trucs gênants ou sans aucun tact qui me passent par la tête et c’est pour ça que je demande à Lily de me suivre dans le hall.
-Pourquoi ?
Parce que Black ne supporte pas qu’on le rapproche de sa famille et qu’il va me le faire sentir. Mais ça je m’en fous. C’est surtout qu’indirectement je viens de défendre Darcy et ça je ne le supporterai pas.
-J’ai un truc à te demander en PRIVE.
Le meilleur moyen d’attirer l’attention sur vous c’est d’essayer d’être discret. Mais ça je l’apprends tous les jours à mes dépens. Je ne passe pas plus de temps à essayer de la convaincre et je la traîne hors de la salle comme une gamine de trois ans.
-Bon alors, qu’est-ce que t’avais à me dire ?
-…T’as les yeux verts.
-Je sais. C’est tout ?
Elle fait mine de partir mais je la retiens violemment. Faut que j’essaie de dominer la pochetronne qui s’éveille en moi sinon je suis pas rendue.
-Non. Je suis complètement bourrée.
-Ca on avait commencé à s’en douter. Je sais pas ce que t’as foutu encore mais compte pas sur moi pour t’aider, tu t’es foutue dans la merde toute seule et…
-Qu’est-ce tu m’fais ? Primo à la base j’avais pas envie d’y aller à ce bal pourri et deuzio c’est même pas ma faute.
-Tu te bourres la gueule mais à part ça c’est pas ta faute ? Je voudrais bien que tu développes s’il te plaît.
Elle croise les bras et me regarde avec son air de…de préfète là ! Je lui explique que j’ai dû boire à peine la moitié de Bieraubeurre que ce que je bois d’habitude et que normalement ça suffit pas à faire parler ma bouche à mon insu.
-Quelqu’un a dû rajouter un truc dedans…marmonne-t-elle.
-Oh noooon ! Quelqu’un a essayé de me faire triper à coup d’acides !! Mais qui est donc cette personne que je lui en redemande une dose ?
-Arrête de raconter des conneries ! En passant j’ai vu que d’autres personnes avaient pas l’air très fraîches. Je mettrais ma main au feu que c’est un coup des Maraudeurs.
-Quel feu ?
-C’est une métaphore.
-Une métaquoi ?
-Une expression, me répond-elle d’un air profondément ennuyé.
-Ah. En attendant je fais quoi moi ?
-Tu retourne t’asseoir et tu la fermes.
Elle a trouvé ça toute seule où elle s’est fait aider ? Bon, comme je veux pas la contredire, je réintègre ma place et essaie d’oublier que le sol tangue.

Le repas se déroule sans trop de misères, étant donné que j’ai trop mal à la tête pour dire quoi que ce soit. Et là, c’est le drame.

-J’ENMERDE TOUS LES SANG-DE-BOURBE ET CES ENFOIRES D’AMIS DES MOLDUS !! JE SUIS POUR UNE SOCIETE SORCIERE PURE !!

Le silence se fait dans la salle et tout le monde se retourne vers Bellatrix qui est perchée sur sa table, figée dans une pose guerrière et qui a plus que jamais l’air d’une psychotique échappée de Sainte-Mangouste.

-NOUS AUSSI ON T’AIME BELLA !!

Comme dans un match de tennis, les regards passe d’une folle à l’autre tandis que la première folle se casse la figure de la table en essayant de venir pour m’étrangler. J’en conclus que cette chère Bellatrix a subi le même sort que moi (c’est le cas de le dire). Dieux du Ciel ! Une Bellatrix bourrée ça fait carrément flipper ! Tout le monde autour de la table est mort de rire…Nan en fait tout le monde dans la salle est mort de rire sauf…Lily.
-C’est bon, fini la rigolade.
-Hein ? répond très intelligemment James entre deux éclats de rire. Pourquoi tu dis ça ?
-Tout à l’heure j’ai versé du Véritasérum dans ton verre. Tu vas bien être obligé d’avouer.
Stupeur et tremblements.
-QUOI ?! Mais t’es complètement malade !! Tu te balades souvent avec ce genre de truc sur toi ?!
-C’est toujours utile quand on sait qu’on va passer la soirée avec un irresponsable notoire. Alors maintenant réponds ! Est-ce que c’est de votre faute si la moitié des élèves a l’air complètement bourrée ?
Ca c’est un bon plan ma petite Lilo ! Rien que la tête de Sirius…Il a l’air tellement furieux que j’en pleurerai presque. James, quant à lui, est en plein combat intérieur.
-…N…No….OUI !! On a remplacé une bonne partie du stock de Bièraubeurre par du Whisky Pur Feu ensorcelé!!!
-JAMES !! hurle Sirius.
-Vous…Vous…VOUS ETES TARES !!!
James regarde Lily d’un air désespéré, puis ses potes, puis encore Lily. Il finit par beugler en pointant Sirius du doigt :
-C’était son idée !!
-MENTEUR !!
-MAIS VOUS ALLEZ ARRETER DE HURLER OUI ??!!
Silence total dans la salle. Mc Gonagall vient de hurler et je crois que ce n’est pas une illusion due à l’alcool. Elle est un peu échevelée et Dumbledore se marre sur la chaise voisine : j’en déduis qu’elle a goûté à la petite farce des Maraudeurs. C’en est trop pour Lily qui se lève brusquement et va s’asseoir à une autre table, à l’autre bout de la salle. Prenant ça pour une sorte de feu vert, les cavaliers de Laura et Amélia les attrapent et se ruent de concert sur la même table. Silas, un peu plus soucieux de mon avis, me regarde d’un air suppliant tandis que j’observe la réaction de Sandy. Elle s’excuse auprès de Remus et part consoler Lily. OK, plus rien ne me retiens à cette table de niaiseux.
-On s’arrache mon petit chou !
Le dit petit chou rougit violemment et me porte à moitié vers une table. Tiens, on est tout seuls…Ah bah oui c’est une table de deux ! Suis-je bête !
-Je suis content qu’on puisse enfin être tous les deux, pas que tes amis ne soient pas sympathiques mais ils sont un peu…
-Cons ?
-Euh…turbulents.
Il a dit qu’il était content d’être seul avec moi ? Mais c’est presque une déclaration ça ! J’essaie discrètement de me désaouler à grand renfort de verres d’eau et de baffes mentales. Je sourie du mieux que je peux et j’écoute mon petit préfet en chef adoré…

-Je vous avais dit que c’était pas une bonne idée ! Encore une fois je prends pour vos conneries !
-Arrête de constamment ramener la faute sur nous ! T’es autant responsable que moi !
-Je peux intervenir en soulignant le fait que je n’ai pas participé et que ma cavalière est partie quand même ?
-Ta gueule Lunard !! crièrent les deux combattants, réduisant considérablement leurs nombre de décibels depuis l’intervention de Mc Gonagall.
Mais c’est pas vrai quelle galère ! Tout ça c’est encore la faute d’Evans…Cette petite…pimbêche ! Elle a mis en colère mon Sirinouchet d’amour et maintenant il ne fait même plus attention à moi ! Déjà qu’il a passé son temps à fixer cette tarée de Harris ! Ca se voyait bien qu’elle l’énervait et qu’il voulait qu’elle parte pour rester avec moi ! Mais elle, elle se pavanait ! Tss, comme si Sirius pouvait s’intéresser à elle ! Bon, ce n’est pas grave. Comme toujours je vais calmer la situation grâce à mon charisme naturel…
-Siriiii moi je la trouve très drôle votre blague ! C’est juste cette imbécile d’Evans et ses copines stupides qui n’ont aucun sens de…
-Lily est tout sauf imbécile !! s’écrie James d’une voix partant vers les aigus.
-Pénéloppe, fait moi le plaisir de la fermer. Quant à affirmer que ces filles sont stupides, ce n’est peut-être pas faux mais je serais toi j’éviterais d’amener la conversation vers ce sujet-là.
Hein…Quoi ??? Ce n’est pas possible ! Sirius ne peut pas être si…méchant !
-Tu…Tu peux pas dire ça !
-C’est bizarre, c’est pourtant ce que je viens de faire.
-Tout ça c’est à cause de Harris ! Elle a passé son temps à t’allumer et toi t’aimes ça en plus !
-…Même si c’était vrai, en quoi ça te regarde ?
Je suis horrifié. Sirius Black qui me rejette, c’est toute ma vie qui s’écroule ! Et ses amis qui se moquent de moi…Ils sont tous si cruels ! Les larmes me montent aux yeux, je préfère partir avant que tout le monde ne voit mon superbe maquillage anéanti. Mais je me vengerai !

Une demi-heure. Ca fait une demi-heure que j’écoute Silas radoter et que (accessoirement) je me retiens de me pendre au lustre. Ce type est d’un ennui mortel, on a pas changé de sujet depuis tout à l’heure. Et ce sujet quel est-il ? Son ex. Alors que nous sommes à un bal super romantique et qu’il est censé avoir une vie trépidante de mec populaire avec tout ce que ça implique, la seule chose qu’il trouve à me dire c‘est qu’il vient de se faire larguer et qu’il est terriblement triste et gnagnagna ! Il ME FAIT CHIEEEER !! Un peu de respect pour les célibataires désespérées, BORDEL ! Et puis s’il et si triste de plus la voir, qu’il aille l’emmerder, ELLE, moi j’y peux rien. Oh non, ne me dites pas qu’il va se mettre à chialer sinon je…je…et merde.
-Tu vois, j’étais vraiment sûr que c’était la bonne, la fille avec qui j’allais passer ma vie ! ( Tu m’en diras tant…Bouffon.) Quand j’étais avec elle, plus rien d’autre ne comptait ! ( C’est marrant t’as presque réussi à me faire gerber sur ce coup-là !) et je…je me demande encore ce qui l’a poussé à me quitter. (Elle a dû t’entendre gémir comme un perdu et elle a réalisé que ce truc à côté d’elle, elle se le tapait.)
Je me force à sourire obligeamment mais il commence à sérieusement me brouter lui ! Alors dans le numéro du pauvre largué éploré il est très fort mais moi, je fais quoi dans tout ça ? Il s’est tout de même pas imaginé que j’allais…le consoler ? Sortir avec lui par condescendance ? Bah putain, je dois vraiment avoir l’air conne…Tu vas payer, pauvre fou qui a osé douter de mon intelligence surhumaine !
-Elle te manque beaucoup hein ?
-Tu peux pas savoir !
Ca y est, il a l’air content que je m’occupe enfin de sa pauvre vie. Passons à la phase deux du plan.
-Je peux te poser une question ?
-Vas-y mon ange !
Euh…ouais presque…[NdA : je dis tout le temps ça quand quelqu’un viens de dire une connerie^^]
-Je voulais savoir si…
-Oui ? me fait-il avec un sourire qui se veut charmeur.
-…Si t’as vraiment cru une seconde que j’allais marcher dans le coup du type fragile qui cherche un peu d’amour dans ce monde de brutes ?
Son sourire s’affaisse puis s’éteint. On dirai un vieux soufflé au fromage en train de se dégonfler…J’aurais pourtant juré être tout à fait clean maintenant…
-Pardon ? Je ne comprends pas très bien ou tu veux en venir…
A sa tête on voit tout de suite qu’il comprend très bien, au contraire.
-Alors, reprenons du début. Tu as sûrement du croire, d’après ma réputation, que j’étais assez con et désespérée pour te tomber dans les bras à la première occasion. Que Nenni mon petit pote ! Si tu veux causer avec moi, il y a deux choses à savoir : premièrement, j’ai horreur qu’on me prenne pour une niaiseuse, alors tes histoires à la con tu te les gardes. Et deuxièmement, je sais pas si j’ai l’air d’une chaste et innocente jeune fille mais c’est pas le cas, si tu voulais coucher avec moi t’avais qu’à le dire, je me serais pas emmerdé pendant une demi-heure à t’écouter me raconter ta vie en long, en large, en travers, en coin et en arc de cercle. Mais maintenant tu m’as tellement saoulée que je prendrai pas le risque d’en faire autant au pieu alors je vais tout simplement…me barrer.
Sans faire attention à son air profondément choqué, je me dirige vers le parc, me demandant si je dois sourire de ma prestation ou être déçue que ce type soit un parfait connard. En tous cas il m’a vraiment cru dans mon rôle de garce, ce qui prouve qu’il me connaît très mal. Il va sûrement tout raconter à ses potes mais je m’en fous, ça fera juste une fausse rumeur en plus à mon sujet. La folle, abrutie, psychopathe (ils ont du me voir trop près de Bellatrix et ils ont mal interprété), goinfre, moche (j’en suis pas convaincue de celle-là, ch’uis pas un canon mais quand même…), grosse (humpf !) et j’en passe et des meilleures sera maintenant une sale garce nymphomane. Je sens que les prochaines semaines vont être longues…

Arrivée dehors, je soupire d’aise en sentant l’air froid sur ma peau. Je reste assise sur un banc en pierre dans ce qui semble être une petite terrasse longeant le mur du château et entourée de buissons touffus. Ravie que personne ne puisse me voir pour me poser des questions stupides, je ferme les yeux.Ca fait du bien un peu de paix et de silen…
-Ah tu es là ?
-Non je suis actuellement en Tanzanie du sud à chercher désespérément une once de calme pour mourir tranquillement…
Ouverture des mirettes. Lily me sourit et vient s’asseoir près de moi. Mais je t’en prie, surtout te gêne pas.
-C’était une simple question rhétorique…
-C’était une simple question qui sert à rien.
-Je t’ai vu quitter la salle. Silas avait l’air furieux.
-Tant mieux ! je réponds avec un pur sourire sadique.
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Et bien tu vois, il a voulu se mêler de ma vie alors que j’essayais d’avoir un peu de paix en m’isolant dans le parc.
-Tu veux pas me le dire ?
-On dirait bien que non.
-Pour ce qui est de t’isoler de toute façon c’était foutu d’avance…
Je regarde dans la direction qu’elle m’indique et en effet un des buissons proches de nous frémit et émet des gloussements suspects. Je saute sur mes pieds et va beugler sur le dit buisson.
-Allez forniquer ailleurs que sur cette pov’pelouse qui vous à rien demandé !
Deux adolescent jaillissent de l’arbuste, un peu échevelés. Ils me regardent avec l’habituel regard stupéfait qui m’est destiné mixé à de la frayeur, plus une cuillère à soupe d’agacement. Enfournez tout ça à thermostat moyen, quinze minute de cuisson, c’est prêt ! Les intrus finissent par détaler en courant sous nos encouragements (« P’tits cons ! Pervers ! Jeunes gens de mauvaise vie ! »). Puis on reste debout, les bras ballants, à regarder vers la porte.
-On a vraiment une mentalité de vieux.
-J’te l’fais pas dire…
-Bon, t’es sûre que ça va aller ?
-Mais oui je te dis, je veux juste être un peu seule.
Elle paraît hésiter puis me serre brièvement la main et s’en va. Bah c’est bon la p’têt ! Qu’est-ce que ce serait si je lui avais annoncé ma mort imminente ?

Bon c’est pas grave. Maintenant que je suis toute seul je vais en profiter un peu pour réfléchir. C’est bizarre mais j’ai comme qui dirait un mauvais pressentiment. Un pressentiment en forme de truc très très chiant…
-SALUUUUUTTT !!! clame une voix monstrueusement aiguë.
Damned ! Je me disais aussi : un truc très très chiant. A part Amélia, je vois pas.
-Mais putain qu’est-ce que tu fous là ?!!
-Je viens de croiser Lily.
-Et alors, cette truffe t’aurait pas dit quelque chose par hasard ?
-Elle m’a dit que tu te sentais pas bien.
-…Et ??
-Et que tu voulais voir personne. C’est pour ça que je suis là.
Long instant de flottement durant lequel j’observe son sourire niais en me demandant si sa tête ne va pas un jour se fendre en deux à force d’étirer sa bouche à ce point. Mais je préfère pas me faire de fausse joie, les miracles n’arrivent pas souvent.
-Tu n’as pas l’impression qu’il y a un truc qui cloche dans ta phrase ?
Elle se met à réfléchir, son menton entre le pouce et l’index. Je retire ce que j’ai dit, aujourd’hui c’est bien le jour des miracles.
-…J’ai fait une faute d’accord ?
Terrorisée par les profondeurs abyssales de sa connerie, j’effectue prudemment un pas en arrière pour ne pas tomber dedans et je lui réponds d’une voix égale.
-Tu ne m’avais jamais dis que tu étais issue de l’immigration.
-Heing ?
-Un jour il faudra penser à rentrer au pays, il paraît qu’Abrutiland est en pleine crise économique, ils ont besoins de têtes pensantes comme toi.
Bon, d’accord, je suis peut-être méchante mais passer ses nerfs sur quelqu’un qui n’y peut rien ça fait du bien. Estimant l’option du repli stratégique comme très recommandée, elle s’éclipse sans demander son reste. C’est là qu’on reconnaît les vrais amis et les personnes pas aussi cons qu’elles en ont l’air. J’ai comme des scrupules là…Arf j’irais m’excuser plus tard, c’est pas le moment là…

Je me retourne pour continuer me rasseoir mais…
-Ah je savais bien que t’étais là.
MAIS POURQUOUAAA ??!! Dieu !! Ouais c’est à toi que je parle ! T’as donc rien d’autre à foutre que t’acharner sur ma pauvre tronche ?? Ah bah c’est du joli ! S’en prendre à moi alors que mon moral doit côtoyer le fond du lac à connerie d’Amélia ! En plus pour mettre sur ma route…CA !
-Mais vous avez passé un pacte pour me faire chier le plus possible en une seule soirée ou c’est moi qui délire ?!
-La deuxième option est plus que probable ! claironne Sirius.
-Mais ta gueule ! Retourne consoler ta dinde ! Elle est passée tout à l'heure et elle avait l'air encore plus ahuri que d'habitude.
-Pénéloppe ne m’intéresse pas du tout. J’en ai eu marre de ses yeux de truite alors je l’ai larguée.
-Grand bien te fasse, j’aurais parié le contraire. Pourquoi tu m’as fixé comme ça pendant le repas ?
-Tu prends tes rêves pour des réalités.
-HO ! C’est quoi cette attitude agressive ? Hier encore tu me faisais ton numéro de charme à la con !
-Et c’est toi qui me dis ça ? Il faudrait que tu t’écoutes parler des fois.
-Ok on va reprendre du début : qu’est-ce tu fous là ?
-Je me baladais…
-Très bien alors bonne balade. Maintenant, du vent !
-…Quand je t’ai vue. Je me suis dit que j’avais envie de discuter avec toi.
-C’est pas mon cas.
-Rien à foutre.
Je lui lance des regards courroucés qui ne lui font ni chaud ni froid. Je me sens mal à l’aise en sa présence, avec cet espèce de vide au creux de l’estomac. C’est bizarre dans les bouquins de la collection Arlequin, ils écrivent souvent « une chaleur ardente entre les reins » ou bien « il avait la tête qui tourne et des étoiles dans les yeux», mais rarement « un affreux sentiment de vide aux tréfonds de ses entrailles ».
-Je voulais juste savoir si ça allait. J’ai vu que tu avais planté Overstand et il est allé raconter à tout le monde que tu es une -je cite- « pétasse effarouchée ».
Tiens,il a pas traîné. J’avais quand même cru qu’il attendrait un peu. A tous les coups il va essayer de faire croire qu’il a repoussé mes avances d’une vulgarité sans nom.
-Woaw, quel titre. C’est tout ce que t’avais à me dire ?
-Non. Je voulais…savoir si tu allais bien.
-Oui…Ce sera pas la première fois qu’on m’insultera dans mon dos. C’est même plutôt cool, vu qu’avant je passais pour une coincée.
Mon expression et mon sourire crispé disent tout le contraire. Pourquoi je suis infoutue de mentir quand ça m’arrange, alors que je n’arrive jamais à dire la vérité en temps normal ? Pffff l’autre va encore se foutre de ma gueule mais à part ça tout va bien.
-Allez, pas la peine de faire celle qui s’en fout, ça te réjouit pas tant que ça. Je me trompe ?
-On ne peut rien te cacher…dis-je en grinçant des dents.
-Ecoute, je trouve notre petite guerre ridicule. On ne pourrait pas arrêter et revenir comme avant ? Du temps où on se vannait gentiment, sans se battre comme des chiffoniers.
Hé ! Il me fait quoi là ? Il veut vraiment enterrer la hache de guerre ? J’hallucine… Sirius black ravalant sa fierté face à une fille ! Incroyable ! Surtout quand c’est la fille en question qui a démarré les hostilités…J’ai un mauvais pressentiment (deuxième édition).
-Je ne sais pas si j‘en ai envie…
-Oh fais pas ta gamine !
Il ouvre les bras. Euh…Ca l’ennuierait d’être plus clair ?
-Bon tu viens ? Je vais pas attendre là quatre cent cinquante ans !
J’ai une seconde d’hésitation. Non il n’a pas l’air de rigoler. Même si je suis pas sûre d’avoir envie de faire ça, je vais l’enlacer brièvement. Ah non, apparemment il a décidé de me garder plus longtemps…
-Ben voilà, c’est pas si terrible, qu’il me dit.
-Ta gueule.
Il éclate de rire et me lâche. Mais il reste planté en face de moi. Quoi ? J’ai un tuc dans les cheveux ? Je fais un geste pour vérifier ça et…il me prend la main ? Wowowow ! Il se passe quoi là ?!! Me dites pas qu’il va faire le truc que je pense qu’il va faire ?! Oh nononon ! Ch’uis plus d’accord là ! Quoique…Bon qu’est-ce que t’attends ? Non ! Arrête ! Zut je sais même plus ce que je veux ! Il approche son visage du mien et moi…je devrais reculer mais au lieu de ça je tremble comme une feuille. Je ne suis plus sûre de ce que je veux, tout se mélange dans ma tête. Après tout, il ne m’a rien fait, c’est moi qui ai déliré toute seule. Il n’y a pas de mal à se faire du bien, comme on dit. Je sens son souffle sur mon visage. Des pensées viennent à moi, dans le désordre, toutes à la fois. Il ne m’a rien fait personnellement, mais qu’en est-il de toutes ces filles avec qui il est sorti ? Toutes ces filles dont il a brisé le cœur ? Je me vois à leur place. Il a dû leur dire les même choses, les mêmes paroles gentilles, les mots de réconforts, les étreintes…et les baisers. Mais moi, je ne veux pas être comme elles, même si certaines étaient des filles très bien. Je ne veux pas être comme les autres : je ne veux pas perdre. C’est pour ça que je le blessais, que je le rejette encore. Je ne veux pas qu’il ait une vague affection pour moi. Avec tout ce que j’ai déjà perdu, tout ce que je n’ai pas eu et que je n’aurais jamais, je ne peux pas me permettre d’accepter des demi-tons. Pourtant je ne suis pas folle amoureuse de lui. J’ai l’impression que ce serait plus…pour combler un vide. Oui, ce trou béant dans mon petit cœur déchiré. Pour ça, il me faut des sentiments puissants, merveilleux, magiques. Ce que je dis est profondément égoïste, mais Sirius ne l’est-il pas lui-même ? Se servir des sentiments des autres doit être une des rares choses que nous avons en commun. C’est aussi pour ça que je me sens bien avec Sandy. Nous donnons tous nos sentiments à l’autre, nous nous en nourrissons, avidement ; c’est une fille qui a constamment besoin d’être rassurée, nous nous ressemblons. Les sentiments, pour moi, c’est soit de l’amour, soit de la haine. Mais Sirius, ayant souffert au moins autant que moi, il n’arrive pas à donner le premier. Entre nous, ce sera donc de la haine. Il faut sûrement être folle pour laisser passer des instants de bonheur simplement parce qu’il ne sont pas « entiers et irréductibles ». C’est que je me tue à vous répéter depuis le début : je SUIS folle. Si je ne l’ai pas, je n’aurais pas l’occasion de le perdre. Je tourne la tête. Entre ma prise de conscience et ce moment, n’a pas dû s’écouler plus d’une demi-seconde. Il est surpris. Je lui parle d’une voix froide.
-Qu’est-ce que tu fais ?
-Mais je…
-Qui t’as donné l’autorisation de faire ça ?
Je le regarde un peu plus durement que ce que j’aurais voulu. Il recule toujours aussi étonné, puis finit par me regarder d’un air narquois.
-Depuis quand a-t-on besoin de la permission d’une personne pour l’embrasser ?
-Depuis que la personne en question n’est en aucun cas d’accord pour le dit baiser.
-Mmm…C’est bizarre tu m’avais l’air plutôt d’accord tout à l’heure.
-Et bien tu t’es trompé.
Devant mon aplomb sans faille il hausse un sourcil et pousse un soupir à fendre l’âme.
-Arrête tu me fais pitié là.
-Quoi ?!
Mais pour qui ils se prend lui ??
-J’ai jamais vu une personne aussi hypocrite que toi.
Mon pauvre chou, si tu savais lequel de nous deux est le plus hypocrite, t’en pleurerais…
-Tu passes ton temps à me regarder et le lendemain tu m’ignores. Je suis pas aveugle, mais ça sert à rien de faire semblant maintenant, moi aussi je crois que je ressens quelque chose pour toi.
Si je suis la plus grande hypocrite qu’il ait jamais vue, alors lui c’est le mensonge personnifié. Je m’appelle pas Pénéloppe moi !
-Tu te crois si bien que ça pour penser que dès qu’une fille te regarde, elle est amoureuse de toi ?
-Je n’ai pas dit ça, j’ai juste dit que toi tu l’étais. Remarque t’en fais pas, tu ne déroges pas aux habitudes de la moitié des filles de Poudlard, si on excepte les Serpentard mais je suis pas adepte des dégénérées.
Non mais c’est pas vrai ! Il croit vraiment une seule seconde à ce qu’il vient de me dire ? Si c’est le cas il est encore plus pitoyable que ce que je pensais !
-Ouais bah moi si ça avait pu m’éviter de voir ta tronche tous les jours j’aurais préféré y être à Serpentard !
-Elle te dérangeais pas tant que ça ma tronche quand tu bavais devant !
-Je n’ai JAMAIS bavé devant ta tête ! (le plus gros mensonge de ma courte existence)
-Alors dans ce cas t’es une actrice exceptionnelle !
-Si tu le dis, en tous cas je suis pas une de tes dindes. Je suis pas une pétasse moi !
-Alors là tu m’en apprends une belle…
-Je vois même pas pourquoi je continue à parler avec toi, je vois pas non plus comment t’as pu t’imaginer que j’éprouvais des trucs pour toi, je vois pas comment t’as pu penser que je t’appréciais et où t’as été chercher que je te supportais ! T’es encore plus détestable que toute ta famille réunie ! Tu veux connaître la vraie différence entre eux et toi ? Au moins eux ils assument leur nombrilisme et leur connerie !!
Je suis cramoisie et les larmes me montent aux yeux. Il s’approche de moi et me colle une baffe. Trop abasourdie sur le moment pour réagir, je le regarde dans les yeux et me heurte à une flamme que je ne connais que trop bien pour l’avoir vu dans les yeux de biens des gens : la haine pure et simple. Ah ouais ? Il le prend comme ça ? Je serre mon poing, le ramène en arrière et je lui cogne sa pauvre tête de gland. Toute ma haine et mes deux mois de supplice sont concentrés dans ce poing, si bien qu’il vient s’écraser sur son nez dans un craquement sonore. Il tombe à la renverse et je m’enfuis avant qu’il n’ait le temps de protester.
Non mais il croyait vraiment une j’allais m’écraser comme une petite garce ? La seule chose qui s’est écrasée ici c’est mon poing dans sa gueule ! D’ailleurs j’ai dû me péter la main. Mais ça valait le coup. Après que j’ai parlé de sa famille, sa haine était tellement intense qu’elle en était presque palpable. C’est bien.
Bien sûr j’aurais préféré qu’on s’embrasse passionnément et qu’on se jure un amour éternel. Mais ce n’est pas possible. Nous sommes trop différents et trop similaires à la fois. C’est ça qu’y m’a attirée chez lui je crois. Et je m’en rends compte seulement maintenant. Il doit sûrement sentir le même vide que moi, je peux le voir. Mon père est mort, ma mère ne s’occupe pas de moi étant donné que c’est presque l’inverse. Ses parents l’ignorent, il les hait ; il préfère dire qu’ils sont morts. On aurait pu se comprendre. Mais nos réactions face à ces situations quasiment identiques sont diamétralement opposées.
Quoiqu’il en soit, ce n’est plus important maintenant. J’ai été trop égoïste, avec cette histoire j’ai occulté tout le reste. Mais je vais me concentrer sur ce qui est important, maintenant.
De toutes façon, rien que mon esprit tordu et mon avis sur les sentiments humains aurait suffit à tuer cette histoire dans l’œuf. Je suis trop compliquée. Par ma faute, nous n’assistons pas là au début de la fin de l’histoire, avec embrassades passionnées et grands éclats de rire, mais bien à la fin du début, comptant haine, douleur et amère déception.

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